La ficelle est grosse et le piège outrageux. En
décidant d’ouvrir sa niche parlementaire avec une proposition de loi visant à
faire reconnaître l’endométriose en affection longue durée (ALD), le
Rassemblement national tente un coup double : rallier une partie de
l’Hémicycle et apposer une fine couche de vernis « féministe » sur un
projet politique rétrograde et misogyne. Misogyne : c’est dans cette
catégorie qu’Osez le féminisme ! Plaçait la candidate Marine Le Pen
en 2022, après avoir passé au crible l’ensemble de son programme présidentiel.
Dans l’extrême droite ligne de ses alliés à
l’international, de Donald Trump à Viktor Orban en passant par Jair Bolsonaro,
le RN a fait du corps des femmes et de leur droit fondamental à en disposer
librement une cible privilégiée. Le recours à l’IVG, piétiné partout où les
nationalistes l’ont emporté, demeure la bête noire du parti de Marine
Le Pen.
Elle qui ose parler d’« avortements de
confort », qui propose le déremboursement de l’acte et s’opposait
fermement, en 2020, à la suppression de la clause de conscience des médecins.
Elle encore qui estime que la PMA pour toutes entérine la « disparition
de l’existence de la réalité biologique ». Elle qui a longtemps
promis d’« abolir le mariage pour tous », si elle
arrivait au pouvoir.
Pour le RN, le corps des femmes reste bel et bien
l’outil d’une politique nataliste et nationaliste. Un corps qui procrée,
uniquement. Cette obsession, matrice idéologique de l’extrême droite,
justifiait d’ailleurs, il y a quelques mois, le positionnement de ses
parlementaires sur la réforme des retraites. Absent des débats de fond, sans
aucune proposition pour financer le système, Jordan Bardella se contentait
alors de renvoyer la balle au visage des femmes.
« Les bébés de 2023 sont les cotisants de
2043 », pérorait le
président du RN. Ne nous y trompons pas. L’endométriose et celles qui en
souffrent quotidiennement sont un prétexte. Une résolution sur la
reconnaissance de cette maladie en tant qu’ALD a déjà été adoptée, à
l’unanimité, à l’Assemblée. Il suffit d’un décret pour la faire appliquer et
contrer l’imposture.
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