jeudi 28 septembre 2023

« Traduisons-les », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



C’est avec un air autosatisfait que Bruno Le Maire nous annonce la douloureuse. « Le fardeau de l’inflation doit être équitablement réparti entre pouvoirs publics, entreprises et ménages », a-t-il déclaré doctement en annonçant les grandes lignes du projet de budget de l’État 2024. Pourtant, celui-ci, qui initie une nouvelle trajectoire pour les finances publiques, a tout du coup de massue pour l’immense majorité des Français. Au nom du sacro-saint désendettement, l’essentiel des économies repose sur la fin du bouclier tarifaire contre la hausse des prix de l’énergie : ce sont donc les factures des ménages qui vont exploser.

Il faut trouver de nouvelles recettes ? À l’horizon 2027, le ministre de l’Économie espère 25 milliards de gains grâce aux réformes des retraites et de l’assurance-chômage. Les salariés vont travailler plus et les chômeurs seront davantage plongés dans la précarité. Drôle de conception du partage « équitable » de l’effort. Et les entreprises dans tout ça ? Le gouvernement ne s’en laisse pas conter par le grand capital : elles devront attendre 2027 pour être totalement exonérées de la taxe sur la valeur ajoutée (qui finance les services publics locaux), après avoir bénéficié d’une multitude de baisses d’impôts en tout genre. Quelle justice ! La Cour des comptes elle-même estime pourtant à 260 milliards d’euros l’aide totale de l’État aux entreprises. Voilà qui devrait intéresser un ministre qui cherche à renflouer les caisses. Mais à ce magot-là, on ne touche pas.

Cette politique qui consiste à taper toujours sur les mêmes sans jamais toucher aux plus aisés est si visible que Bernard Arnault, l’homme le plus riche au monde, commence à s’en inquiéter. Actionnaire de Challenges, il se dit qu’il verrait d’un bon œil l’abandon du classement des plus grandes fortunes, publié par le magazine. Cacher les grandes fortunes arrangerait bien l’exécutif pour rendre un tout petit peu plus crédible « l’effort partagé » de son budget d’austérité. Impossible, en revanche, de cacher ses effets désastreux sur un quotidien des Français déjà très difficile.

 

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