À chaque flambée des prix de l’énergie le même
dilemme, inique et odieux, pour des milliers de locataires précaires : se
chauffer ou se nourrir ? Alors que l’inflation atteint des records jamais
enregistrés en France depuis trois décennies, l’explosion des prix de
l’électricité et du gaz se reporte sur les charges locatives. L’autosatisfecit
d’un gouvernement qui jure « contenir » l’augmentation des tarifs ne
trompe pas les 15 millions d’habitants des logements sociaux et
intermédiaires, confrontés déjà à la baisse des APL et qui subissent de plein
fouet la réalité derrière les pourcentages. En janvier dernier, plus 10 %.
En août, plus 15 %. Et à en croire Emmanuelle Wargon, la Commission de
régulation de l’énergie (CRE) qu’elle préside tablerait sur une nouvelle
augmentation des factures, début 2024, « de l’ordre de 10 à
20 % ».
Les libéraux, pourtant, nous promettaient la baisse
des prix de l’énergie avec l’ouverture à la concurrence du secteur.
Or depuis vingt ans, les consommateurs paient l’addition salée de la
stratégie du tout marché. Oui, pour des millions de locataires les charges sont
devenues simplement insoutenables. Mais pas seulement pour eux. Certains
bailleurs sociaux, pris en étau entre les baisses de dotation de l’État et la
précarisation de leurs locataires, incapables d’anticiper les fluctuations du
marché, sont parfois contraints d’abandonner certains investissements,
notamment la rénovation thermique des bâtiments, pour honorer leurs créanciers.
Un cercle vicieux, alors que 10 millions de foyers sont en situation de
précarité énergétique.
Les solutions existent. Elles passent par
l’éradication des quelque 5,2 millions de passoires thermiques. Une
rénovation massive des bâtiments adossée à une véritable politique publique
d’investissements. Elles passent évidemment par le retour au tarif réglementé
du gaz et de l’électricité. Elles passent surtout par la sortie de ce bien de
première nécessité des griffes du marché, par la création d’un véritable
service public de l’énergie, par la nationalisation d’EDF. Condition sine
qua non pour enrayer la spirale spéculative et ses conséquences.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire