Le désir de se rencontrer, de se parler,
de partager ensemble de bons moments gastronomiques ou culturels ont sans doute
été les motivations de la réussite des festivals comme des fêtes de village
durant toute la période estivale. Pour de nombreuses familles, « aller à
la fête », c’est se retrouver en bonne compagnie et participer à une
échappée belle ou se libérer l’esprit et l’imaginaire. C’est en quelque sorte
la parenthèse enchantée d’un quotidien souvent trop pesant.
La pandémie, la loi des 64 ans pour les
retraites, les hausses des prix de l’alimentation et de l’électricité ou du
carburant, les si proches bruits de guerre au cœur de l’Europe, les
bouleversements climatiques renforcent encore le besoin de se réunir, de
discuter pour comprendre et agir, rechercher les chemins par lesquels, enfin,
les êtres humains et l’environnement seraient placés au centre des
délibérations publiques.
C’est tout l’enjeu de la réussite de la
Fête de l’Humanité qui se tient dans quelques jours, les 15,16 et
17 septembre dans un décor de verdure, sur la Base 217, dans la
commune du Plessis-Pâté, près de Brétigny (Essonne). Elle clôt la période des
festivals et des fêtes de village, en mélange les ingrédients pour s’ériger en
un événement original, unique, mêlant culture et bonne chère, débats en toute
liberté et découvertes, rencontres en fraternité et prises de parole,
solidarité internationaliste et concerts avec de grands artistes du moment.
La Fête de l’Humanité est à la fois
université populaire et bouillon de culture, moment festif et caisse de
résonance de toutes les luttes émancipatrices, espace d’émotions artistiques
intenses, d’élaboration d’idées neuves.
Et des idées neuves, le courant
progressiste et la gauche en ont bien besoin pour relever, avec le peuple, les
défis de l’avenir, dans un monde tourneboulé. Un monde qui bégaie. Un monde qui
a besoin de l’unité des peuples, des créateurs, des producteurs et des
travailleurs, pour changer de peau au bénéfice des êtres humains et de la
nature. La faim reprend sa marche en avant partout dans le monde. Dans nos
cités comme dans nos campagnes les files d’attente s’allongent devant les lieux
de distribution alimentaire, de plus en plus de familles se privent sur la
nourriture alors que les dividendes versés aux grands actionnaires explosent et
les dépenses d’armement montent en flèche. Les pressants cris d’alarme et les
actions des restos du cœur, de la croix rouge et du secours populaire appellent
à mettre en place d’urgence un bouclier social pour protéger les familles
populaires.
La Fête de l’Humanité doit résonner de
ces exigences, au sortir d’un « été des catastrophes ». Incendies
géants, tempêtes historiques, multiples déluges ont partout frappé des
populations à travers le monde, tandis que la banquise se fait la malle, et que
les océans font bondir le mercure des thermomètres. L’heure est si grave que le
secrétaire général de l’Organisation des Nations unies António Guterres a
lancé ce cri d’alarme, qui relègue les quelques broutilles politiciennes
hexagonales à leur juste et pauvre place : de l’enfantillage. Qu’on en
juge: « L’ère du réchauffement climatique est
terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale », a-t-il
lancé, en forme de vibrant avertissement, à la face du monde.
Ce ne sont pas les déclarations, les
communiqués et autres effets de manche qui manquent de la part du pouvoir
macroniste et, désormais, de grandes sociétés qui en font des messages
publicitaires comme on se gargarise en faisant un bain de bouche. Mais ces mots
ne sont que tromperie dès lors que le pouvoir laisse carte blanche aux majors
du pétrole pour continuer à imposer un carburant cher qui se transforme en gaz
à effet de serre. Plusieurs études sérieuses montrent désormais que le
réchauffement climatique, qui fait mal d’abord aux plus pauvres, est un facteur
de guerre à venir. Avec une multitude de jeunes, de chercheurs et de
travailleurs, la Fête sera le porte-voix de l’urgence climatique intimement
mêlée aux urgences sociales. Elle portera accusation des serviteurs du
capitalisme en renouvellement qui conduit à l’autodestruction de l’humanité –
l’opposé des combats que, chaque jour, mène le quotidien fondé par
Jean Jaurès pour que se « réalise l’humanité ».
La Fête va aussi porter en son cœur la
paix comme « le plus grand des combats ». Il n’y a aucune issue dans
le surarmement et les destructions journalières que fait subir le pouvoir du
Kremlin aux populations ukrainiennes. Il n’y a pas d’issue non plus dans les
surenchères occidentales et de l’OTAN qui font de l’Ukraine le macabre terrain
de jeu de leur volonté de reconquérir une hégémonie de plus en plus contestée.
Seuls le dialogue, la coopération, un cessez-le-feu et un puissant travail pour
une architecture de coopération et de sécurité commune en Europe et au-delà,
peuvent permettre de gagner la paix mondiale et un monde plus sécurisé. La Fête
de l’Humanité va être un lieu unique de l’exigence populaire de la paix
mondiale et du désarmement.
La paix est une nécessité ôtant un
argument aux puissances d’argent spéculatrices qui font monter tous les prix à
la consommation tout en limitant les rémunérations du travail et les pensions
de retraite. La paix est aussi une nécessité pour que les nations et les
peuples puissent ensemble relever les grands défis de l’heure : changement
climatique, service public du numérique, migrations, co-développement humain,
réorientation de l’argent aujourd’hui gâché dans la course aux armements vers
les œuvres de vie, particulièrement le combat contre la faim et l’accès à des
systèmes de santé gratuits pour toutes et tous, à l’éducation et au travail. En
ce sens, la Fête vibrera de la solidarité internationaliste avec les peuples
qui cherchent des voies nouvelles pour leur indépendance comme en Afrique, ceux
qui rejettent les occupations comme en Palestine, ceux qui n’en peuvent plus
d’être pourchassés et enfermés comme les Kurdes.
Au moment où montent les périls
d’extrême droite partout en Europe, la Fête est un espace à la disposition de
tous les démocrates, de tous les républicains, pour la combattre, mais au-delà,
pour défricher les chemins de l’unité pour la transformation sociale,
écologique et démocratique – seul moyen de l’empêcher d’accéder au
pouvoir.
La Fête sera donc un foisonnement de
débats, de réflexions, d’idées, de projets pour inventer une autre société, un
autre monde. L’avènement de celui-ci ne sera possible qu’en travaillant à
l’unité populaire pour un changement de pouvoir en France et en Europe.
En ce sens la fête peut être un puissant
rassemblement de luttes pour préparer de nouveaux futurs. Elle peut être un
beau tremplin pour la réussite de la journée internationale de la paix, le
21 septembre, de la journée internationale pour l’élimination totale des
armes nucléaires, le 26 septembre, et celle de la journée européenne
d’action du 13 octobre dans laquelle, dans l’unité, les syndicats sont
engagés.
Il n’est pas trop tard pour inviter
autour de soi à y participer. La parole y est libre. La fraternité, la
sororité, l’égalité, le respect mutuel en sont les règles. Les concerts et la
culture, éclatants.
La Fête de l’Humanité, juste avant
l’équinoxe d’automne, ouvre aussi une saison nouvelle. Quelle soit celle, de
l’émancipation et de la réalisation de notre humanité commune !
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