Derrière les statistiques, il y a des vies abîmées,
cassées. Le 17e baromètre de la pauvreté et de la
précarité du Secours populaire français (SPF) est en ce sens effarant. Il est
aussi terriblement accusateur pour le gouvernement, qui persiste
à s’autosatisfaire, alors que ses choix politiques jettent des millions de
familles dans le dénuement. Les chiffres avancés par le SPF pointent une
situation alarmante, en raison de la violente augmentation des prix.
Un tiers des Français peinent à faire trois repas par
jour ; un sur cinq vit à découvert. Être salarié et pauvre, condamné à
manger des pâtes à crédit, est devenu la norme. Il y a quelques jours encore,
le président des Restos du cœur lançait un appel poignant, car contraint de
refuser de l’aide à 150 000 ventres creux. « Ce n’est
plus tenable », soufflait-il.
Face à cette crise majeure, la minorité présidentielle
est désolante. Aurore Bergé, pourtant en charge des solidarités et des
familles, sponsorise la « charité business », en relayant sur ses
réseaux sociaux la prétendue générosité des entreprises nationales. Le comble
de l’indécence : les 10 millions d’euros promis par le groupe de luxe
de Bernard Arnault dont la fortune est estimée à
203 milliards d’euros grâce aux exonérations d’impôts et autres
injustices fiscales de la Macronie.
On pourrait encore citer le ministre Gérald Darmanin
qui, engagé dans la course à la présidentielle de 2027, fait du pied à
l’électorat le plus durement touché par les réformes de l’exécutif. « Nous
avons un bon bilan pour les classes populaires et moyennes, même s’il n’est pas
toujours compris », a-t-il péroré. Les 4,8 millions de Français
vivant sous le seuil de pauvreté apprécieront.
Le gouvernement est attendu de pied ferme. Le
18 septembre, il présentera son « pacte des solidarités », cinq
ans après un plan de lutte contre la pauvreté qui s’est révélé inefficace. Et
pour cause, on ne combat pas le fléau de la misère en caressant les plus
riches. Le chef de l’État serait bien avisé d’indexer les salaires sur
l’inflation, comme première mesure d’urgence. « La pauvreté n’est
pas une fatalité », avait coutume de dire Julien Lauprêtre, qui,
à la tête du SPF, avait consacré sa vie à la combattre. Qu’il soit enfin
entendu.
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