Il est temps que cesse la persécution. Pinar Selek a
le droit de vivre, penser et produire en toute liberté. Les autorités françaises
doivent également le dire et agir en ce sens. La mascarade n’a que trop durer.
Cela fait vingt-cinq ans que la sociologue turque, contrainte à l’exil et
réfugiée politique en France, est dans le viseur d’Ankara, victime d’une cabale
politico-judiciaire qui ne poursuit qu’un seul but : la réduire au
silence. Le dossier d’instruction de Pinar Selek est désespérément vide. Elle
n’a commis aucun crime, et encore moins celui qu’on lui a imputé en l’accusant
à tort d’avoir perpétré, en 1998, un attentat à la bombe dans le marché aux
épices d’Istanbul.
Que reproche-t-on à Pinar Selek ? D’être
féministe, défenseuse des minorités, antimilitariste viscérale et d’avoir
enquêté, dans le cadre de ses recherches, sur la résistance kurde. Un affront
aux yeux du pouvoir turc, qui déploie une répression aveugle et obsessionnelle
à l’encontre de ce peuple. Parce qu’elle a refusé de livrer les noms des
personnes qu’elle a rencontrées lors de ses travaux, elle a subi les geôles et
la torture.
Un quart de siècle plus tard, et au terme de quatre
acquittements, l’acharnement est sans limites. L’audience de ce
29 septembre et le mandat d’arrêt émis contre cette citoyenne française en
sont deux pathétiques illustrations. En dépit du harcèlement et des menaces,
Pinar s’accroche et poursuit une brillante carrière d’universitaire aux côtés
de ses pairs qui en ont fait la présidente d’honneur de l’Association des
sociologues de l’enseignement supérieur.
Sa voix ne faiblit pas et sa plume reste une arme
redoutable d’intelligence. En témoigne son dernier ouvrage, où elle met à nu le
triptyque militarisme, nationalisme et patriarcat érigé en système de violence
politique en Turquie. Le réquisitoire est terrible ; voilà pourquoi Pinar
Selek dérange. L’Humanité n’a eu de cesse de dénoncer la haine
qu’elle subit. Aujourd’hui encore, nous exigeons la fin de la tyrannie
judiciaire qui l’accable et demandons au gouvernement français de soutenir
notre compatriote, cible d’un régime étranger qui la harcèle jusque sur notre
sol. L’exécutif doit publiquement refuser d’extrader Pinar Selek, que nous
voulons libre, sans aucune entrave.
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