C’est une leçon d’humanité et d’intelligence. La
justice restaurative, expérimentée en France depuis 2014, est un contre-pied à
tous ceux qui n’ont d’autres réponses que punitives et carcérales. Popularisé
fin mars par le film Je verrai toujours vos visages, ce concept
venu du Canada consiste à faire dialoguer victime, auteur et représentant de la
société. Comme le montre notre reportage, ce cercle vertueux, où la parole est
libre et respectueuse, apaise les protagonistes, aide à la reconstruction des
uns comme à la responsabilisation des autres. À mille lieues des raisonnements
simplistes des boutefeux de la droite.
Faut-il le rappeler à ces derniers ? L’aggravation des peines et la multiplication sans fin
des places de prison ne sont pas les bons outils pour contrer la récidive et
œuvrer à la réinsertion. Pas plus qu’ils n’offrent une issue à la souffrance et
au besoin de reconnaissance des victimes. En revanche, la justice restaurative
a fait ses preuves. Selon des études menées au Canada et en Australie, la
réitération des mineurs délinquants aurait diminué de 26 % après ce type de médiation et 86 % des agresseurs présenteraient des excuses dans ce cadre-là, contre seulement 19 % entre les
murs d’un tribunal classique. Là où le procès traditionnel, corseté dans des procédures établies, se focalise sur la
peine à infliger et la rétribution matérielle de la victime, la justice
restaurative, avec sa place laissée aux mots, travaille sur l’empathie de
l’auteur et la réparation émotionnelle de l’agressé. La prise de conscience
plutôt que la peur du bâton.
Les vertus d’une telle procédure sont évidentes. Sauf
pour ceux qui auraient le pouvoir de la développer. Les budgets consacrés à la
justice restaurative depuis une dizaine d’années sont
faméliques (400 000 euros en 2021 et seulement 46 mesures
prononcées). Sa mise en œuvre repose sur la bonne volonté de personnels
d’insertion déjà noyés sous les dossiers. La dernière réforme portée par le
garde des Sceaux, débattue en juillet, ne pipe mot de ce type de médiation,
laissant la priorité, entre autres, à l’agrandissement du parc pénitentiaire.
Une orientation à front renversé, qui ne rend service ni aux coupables ni aux
victimes.
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