lundi 24 juillet 2023

« Soap opéra », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Une ministre des Familles accusée de prises de position transphobes. Un autre ayant effectué toute sa scolarité dans le privé nommé à l’Éducation nationale. Le conjoint de la numéro deux de l’assurance-maladie héritant du portefeuille de la Santé, sans égard au potentiel conflit d’intérêts. Et comme si ce lien de subordination problématique entre le nouveau «patron» du système de soins et sa compagne ne suffisait pas, il savère aussi que cette dernière, elle-même ancienne de chez McKinsey – le cabinet soupçonné de blanchiment de fraude fiscale par le parquet financier, et qui entretient des liens étroits avec Emmanuel Macron –, est la fille d’une éminente dirigeante tout juste retraitée du laboratoire pharmaceutique américain Lilly.

Dans son introduction au premier Conseil des ministres post-remaniement, Emmanuel Macron a plaidé pour un «gouvernement exemplaire». Cest mal parti, sauf à vouloir montrer lexemple de lentre-soi le plus absolu et de larrogance de classe érigée en méthode de gouvernance. Avec le cabinet Borne II, on avait déjà affaire à une caste de millionnaires, comme en témoignaient les déclarations de patrimoine de ses membres. Il y a peu de chances que cela change avec le gouvernement Borne III. Mais la prise de fonctions des nouveaux ministres s’accompagne d’un coup de projecteur sur le tout petit milieu dans lequel se coopte et se recrute la Macronie: un micro-univers digne dun soap opéra, où la richesse le dispute au copinage, où les liens familiaux sentremêlent aux relations daffaires et de pouvoir.

Le président de la République doit prendre la parole ce lundi, mais on se demande ce qu’il pourrait bien annoncer qu’on ne sait déjà. Si le pedigree de ce gouvernement ne ­recèle aucune bonne surprise, le cap tracé sans entrain par le chef de l’État est au diapason, à commencer par le tour de vis annoncé sur les finances publiques – qui se traduit dans l’immédiat par une hausse brutale des tarifs de l’électricité. Avec un leitmotiv: avancer «à marche forcée» sur tous les sujets. De quoi creuser ­encore le fossé entre les Français et leurs gouvernants. Et nourrir de nouvelles ­révoltes, après la flambée dans les quartiers populaires cet été. 

 

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