Un président ne devrait pas dire ça. À la question de
savoir si Emmanuel Macron approuve la prise de position du directeur général de
la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui, dans le Parisien, a
gravement empiété sur le pouvoir judiciaire en critiquant la détention
provisoire d’un policier mis en examen pour violences à Marseille, on
s’attendait à ce que le chef de l’État condamne sans ambages, à la télévision,
la sortie de route du haut fonctionnaire. Eh bien, pas du tout. Non seulement
le président de la République s’est abstenu, lundi, de blâmer les déclarations
du haut fonctionnaire, mais il a aussi ajouté « comprend(re) l’émotion » des policiers soumis à rude épreuve ces derniers
temps. Tout en assurant, sans jamais désigner nommément ces derniers : « Nul en République n’est au-dessus de la loi. »
Trop loin dans un sens. Trop peu dans l’autre.
Emmanuel Macron ne peut ignorer la signification qui sera donnée à ses paroles
comme à ses non-dits, dans le contexte particulier de l’affaire très grave dans
laquelle quatre agents sont poursuivis – un homme a été grièvement blessé par
leur intervention. Son silence coupable déstabilise les fondements de notre
démocratie à l’instar de l’indépendance de la justice, encourageant toutes les
surenchères d’extrême droite. Dans les rangs des forces de sécurité, ses propos
résonneront comme un refus de condamner expressément la violence policière,
même quand des indices graves et concordants conduisent à des mises en examen.
Et comme une tolérance implicite envers ceux qui s’arrogent le droit de
désavouer une décision judiciaire concernant l’un des leurs, puisque le
président laisse faire. Au risque d’élargir encore la fracture entre police et citoyens.
Au contraire, sa position de garant des institutions
tout comme le respect de la séparation des pouvoirs auraient exigé d’Emmanuel
Macron qu’il rappelle à l’ordre le DGPN, en faisant preuve de la même fermeté
que lorsqu’il s’exprime sur la délinquance de rue. Parlant des « émeutiers », l’hôte de l’Élysée a loué la « réponse judiciaire implacable ». Deux poids, deux mesures.
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