Le 11 janvier 2015, des camionnettes de CRS
traversent la foule place de la République : on n’entend pas
alors de huées, mais des applaudissements pour les policiers, dont
certains ont été tués quelques jours auparavant par les terroristes de l’attentat de Charlie Hebdo et de
l’Hyper Cacher. Comme pour les autres services publics, existe dans le pays une
attente d’une police à la fois juste, efficace et républicaine. Mais les
violences policières, rarement sanctionnées, entraînent une rupture entre les
forces de sécurité et une partie de la population. Des jeunes sont victimes du
harcèlement que constituent les contrôles d’identité systématiques, et souvent
au faciès. Des travailleurs ne se sentent plus en sécurité et s’indignent
quand, le 14 juin, un Guinéen de 19 ans, passé par l’aide sociale à
l’enfance, est abattu lors d’un simple contrôle routier, à 4 heures du
matin, alors qu’il se rend au travail.
Le divorce n’est pas inéluctable. La confiance doit
être retrouvée, l’institution refondée, les policiers mieux formés. En Europe,
un tel nombre de morts à la suite de refus d’obtempérer est une particularité
française. Les règles d’engagement sont à repenser. Dans les pays voisins, les
contrôles d’identité, propices aux dérapages, sont quasi inexistants. Les
réglementer, par exemple par la délivrance d’un récépissé, est un minimum.
Aucune institution ne peut fonctionner sans contrôle.
Or, la supervision de l’activité policière par d’autres policiers au sein de
l’IGPN alimente le soupçon d’agents qui couvrent d’autres agents. Source de
confiance, l’indépendance de l’institution chargée de contrôler l’action des
policiers devrait être la norme, comme dans les autres pays.
Cela ne signifie pas jeter l’opprobre sur toute la
police, profession aux difficiles conditions de travail, aux trop faibles
rémunérations et effectifs. Au lieu de suivre les errements d’une partie de la
corporation quand elle demande la clémence pour les bavures, le directeur de la
police, le préfet de Paris ou même le président de la République feraient mieux
d’accéder aux revendications sociales de la profession qui, elles, sont
légitimes.
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