mercredi 26 juillet 2023

« Refondation », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité.



Le 11 janvier 2015, des camionnettes de CRS traversent la foule place de la République: on nentend pas alors de huées, mais des applaudissements pour les policiers, dont certains ont été tués quelques jours auparavant par les terroristes de lattentat de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Comme pour les autres services publics, existe dans le pays une attente d’une police à la fois juste, efficace et républicaine. Mais les violences policières, rarement sanctionnées, entraînent une rupture entre les forces de sécurité et une partie de la population. Des jeunes sont victimes du harcèlement que constituent les contrôles d’identité systématiques, et souvent au faciès. Des travailleurs ne se sentent plus en sécurité et s’indignent quand, le 14 juin, un Guinéen de 19 ans, passé par l’aide sociale à l’enfance, est abattu lors d’un simple contrôle routier, à 4 heures du matin, alors qu’il se rend au travail.

Le divorce n’est pas inéluctable. La confiance doit être retrouvée, l’institution refondée, les policiers mieux formés. En Europe, un tel nombre de morts à la suite de refus d’obtempérer est une particularité française. Les règles d’engagement sont à repenser. Dans les pays voisins, les contrôles d’identité, propices aux dérapages, sont quasi inexistants. Les réglementer, par exemple par la délivrance d’un récépissé, est un minimum.

Aucune institution ne peut fonctionner sans contrôle. Or, la supervision de l’activité policière par d’autres policiers au sein de l’IGPN alimente le soupçon d’agents qui couvrent d’autres agents. Source de confiance, l’indépendance de l’institution chargée de contrôler l’action des policiers devrait être la norme, comme dans les autres pays.

Cela ne signifie pas jeter l’opprobre sur toute la police, profession aux difficiles conditions de travail, aux trop faibles rémunérations et effectifs. Au lieu de suivre les errements d’une partie de la corporation quand elle demande la clémence pour les bavures, le directeur de la police, le préfet de Paris ou même le président de la République feraient mieux d’accéder aux revendications sociales de la profession qui, elles, sont légitimes.

 

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