D’abord, les faits. Des syndicats de police, auxquels
le gouvernement fait les yeux doux, se déclarent « en guerre » contre des « nuisibles ». Dans plusieurs villes de France, des milices
d’extrême droite, armées de battes de baseball, se sentent autorisées à semer
la terreur en criant des slogans racistes dans les rues. Jean Messiha, larbin
de la fachosphère, lance une cagnotte de soutien au policier meurtrier qui a
déjà dépassé un million d’euros. Le président des « Républicains » (LR) évoque quant à lui des « barbares » et nourrit l’idée d’une « guerre civile ». C’est dire si Marine Le Pen peut tranquillement se lécher les babines.
Repu par la séquence, le RN peut officiellement se
contenter de reprendre les éléments de langage de Le Pen père en 2005.
Replonger dans les archives de l’époque – il y a dix-huit ans – tend un
miroir terrifiant sur l’extrême-droitisation du débat public actuel. Des idées nauséabondes minoritaires choquaient encore
jusque dans les rangs de la droite. Elles sont aujourd’hui totalement
banalisées. On vous épargnera ici l’ampleur des horreurs lues dans la
fachosphère et autres menaces et déferlements de haine et de racisme. Le
thermomètre est au rouge.
Dans ce climat où la haine gagne du terrain, le
pouvoir macroniste porte une grande responsabilité. La parole présidentielle et
l’usage du mot « décivilisation », qui doit
plus au refrain idéologique des
droites extrêmes qu’à Norbert Elias, n’augurent rien de bon. Emmanuel Macron
demande du temps « pour analyser sereinement la situation », nous dit-on. On pourrait l’y
aider en lui remettant sous le nez la réalité : une explosion des inégalités et de la pauvreté, une partie toujours plus grande
de la population laissée sur le carreau du mythe de la « mondialisation heureuse », un État qui a tout bradé au privé et qui n’est plus en capacité d’assurer
ses missions de service public, une institution policière à la dérive,
l’abandon du progrès au profit du chacun-pour-soi et des peurs de l’autre... On
pourrait aussi lui suggérer de s’inspirer du « plan de réconciliation » présenté par les communistes. Du temps, il n’en n’a plus !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire