Ceux qui croient encore au progrès social en Europe
auront les yeux rivés sur l’Espagne, dimanche. Emmenée par le président du
gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sanchez, et sa vice-présidente
communiste, Yolanda Diaz, la coalition de gauche cherche à voir son mandat
reconduit, après plus de trois années au pouvoir.
Les listes de centre gauche et de gauche de
transformation sociale peuvent se prévaloir d’un bilan : une loi
sur les retraites plutôt favorable
aux salariés, une augmentation du Smic, une réforme du marché du
travail qui renforce le CDI, une loi sur l’habitat qui lutte contre la cherté
des loyers. La page de l’austérité est tournée. Et la politique mémorielle a
fait un bond en avant : la dépouille du
dictateur Franco a été sortie du mausolée de la Valle de los
Caídos. Pour autant, les résultats des scrutins locaux de mai dernier ont
été mauvais. D’où la convocation d’élections anticipées par Sanchez. C’est un
pari. Un pari risqué alors que la droite est prête à s’allier avec les néofranquistes
de Vox.
Un temps en crise, la gauche a su se renouveler à au
moins deux reprises. Le Parti socialiste a tourné la page, à la fin des années
2010, des années sociales-libérales de José Luis Zapatero, marquées par
l’austérité et une réforme du droit du travail, véritable machine à précariser.
Il a fait le pari de gouverner avec ses concurrents d’Unidas Podemos (UP). Mais
à l’épreuve du pouvoir depuis 2018, UP – une coalition antilibérale issue de la
lutte contre l’austérité – s’est épuisé. Le leader
et fondateur de Podemos, Pablo Iglesias, a choisi de prendre du recul, après
avoir rendu toutes ses couleurs à une gauche de transformation à la peine
depuis deux décennies.
Cette gauche de transformation est désormais incarnée
par Yolanda Diaz, la ministre communiste du Travail, qui a lancé le mouvement
Sumar. Ce dernier fait le pari du renouvellement pour occuper l’espace qui fut
celui d’Unidas Podemos, dont les différentes composantes font partie de
l’aventure. Nous saurons dimanche si les choix des socialistes et des
antilibéraux permettent à l’Espagne de continuer à regarder dans le sens du
progrès.
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