Six mois après le début de la contestation contre la
réforme des retraites, constatons que les « clapotis du quotidien », entretenus par les éditocrates aux plumes et aux verbiages peu affûtés, ne
survivent pas aux tempêtes de la réalité. Le cœur social bat toujours et la quatorzième journée de
mobilisation, ce mardi 6 juin, à l’appel de l’intersyndicale, risque de
surprendre jusque sous les lambris du Palais. Plus de 250 cortèges
s’élanceront dans tout le pays. Au début de l’hiver, qui aurait imaginé tel scénario ?
Depuis le 1er Mai, beaucoup s’interrogent sur la
continuité (et la pérennité) du mouvement, alors que l’écrasante majorité des
Français reste opposée aux 64 ans. Dans nos colonnes, la secrétaire
générale de la CGT, Sophie Binet, ne cache pas l’enjeu : « Nous ne pouvons pas tourner la page », assure-t-elle. Avant
d’ajouter : « Les suites dépendent de la mobilisation de ce mardi. » Prenons néanmoins la mesure de la portée historique. Tous les
pronostics de la Macronie et des libéraux ont été déjoués, malgré les basses
œuvres et l’accumulation des dénis de démocratie contre le Parlement.
Les menaces de coup de force, « d’une violence inédite » selon
Sophie Binet, pèsent d’ailleurs de nouveau, ce 8 juin à l’Assemblée, avec la possibilité d’empêcher un vote
sur la proposition de loi du groupe Liot, vidée de sa substance en commission.
Nous connaissions le 49.3, nous nous sommes familiarisés avec le 47.1 : voici désormais l’article 40 ! Ou comment
fouler aux pieds, de manière infernale
et jusqu’au-boutiste, tous les droits les plus fondamentaux de
notre représentation nationale.
Bien qu’il n’en tienne aucun compte, le chef de l’État
sait pertinemment qu’il a définitivement perdu la bataille des consciences
comme celle de l’opinion, provoquant par son arrogance, sa déconnexion du monde
réel et son mépris du peuple, la plus grave crise politique et sociale de notre
République au XXIe siècle. Elle laissera des empreintes durables, assez
insoupçonnables sans doute. Car l’avenir de nos retraites a fonctionné en point
d’accroche, révélant une colère profonde et légitime. Déjà les traces du
temps-long, en quelque sorte…
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