Rien de ce que fait le gouvernement n’est
anticonstitutionnel. L’utilisation à répétition de l’article 49.3, du 47.1
ou l’instrumentalisation des dispositions de l’article 40 ne sont pas
illégales à défaut d’être légitime. Mais si les manœuvres du pouvoir lui
permettent d’éviter, une nouvelle fois, un vote plénier à l’assemblée nationale
sur la réforme des retraites, cela ne changera rien à l’état réel du pays et de
l’opinion publique. La baisse de participation aux mobilisations n’indique en
rien que le niveau de la colère et de la détermination sont en recul dans la
population. Les différentes enquêtes d’opinion montrent en effet que
celles-ci se maintiennent à un niveau inédit. La résignation n’est pas à
l’ordre du jour.
D’autant que ce qui éclate au grand jour, c’est
l’illégitimité de la Ve République. La multitude des possibilités offerte par
sa constitution pour ignorer, non seulement l’opposition parlementaire mais
également, l’opinion publique et les corps intermédiaires, prouvent à quel
point ce système n’est pas démocratique. Pensée dès son origine comme un
instrument pour garantir la concentration du pouvoir dans les mains du
président et de sa majorité, elle est devenue aujourd’hui un bâillon et une
entrave aux droits de l’opposition tels qu’ils sont compris dans l’ensemble des
grandes démocraties.
En France désormais le pouvoir ne s’exerce que par une
succession de coup de force constitutionnel et une doctrine policière de
maintien de l’ordre basée sur la répression. Dans ce contexte, où se mêlent colère
populaire et brutalité du pouvoir, l’intersyndicale mais également les
formations de la NUPES dans leur diversité ont la responsabilité d’inventer un
chemin inédit qui permette aux travailleurs, aux précaires, aux chômeurs, aux
jeunes de s’engager et aux revendications sociales et démocratiques de
continuer à s’exprimer. La séquence « reforme des retraites » aura achevé de démontrer que le macronisme est, par nature autant que
par nécessité, un néo-libéralisme
autoritaire et anti-démocratique.
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