vendredi 12 mai 2023

« Démission », l’éditorial de Laurent Mouloud.



Une inaction coupable, doublée d’une mansuétude suspecte. Voilà le terrible constat que révèle la démission contrainte de Yannick Morez. Depuis des mois, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), commune où doit être déplacé un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, subit menaces de mort et harcèlement de l’extrême droite jusqu’à être victime, fin mars, d’un incendie criminel à son domicile. Inquiet pour sa famille, écœuré de n’obtenir aucun soutien de l’État face aux velléités xénophobes du RN et de Reconquête, l’édile a fini par décider, la mort dans l’âme, de raccrocher son écharpe et de quitter sa commune. Ce geste de survie – rarissime – est un cri d’alarme pour notre démocratie, menacée autant par la montée des violences fascisantes que par l’atonie insupportable du gouvernement qui les accompagne.

Le croiriez-vous? Prompt à dénoncer «l’écoterrorisme», Gérald Darmanin, ministre de lIntérieur, navait toujours pas réagi à lheure où ces lignes sont écrites à cette démission dun élu de la République menacé de mort. Difficile de faire silence plus accablant. Les autres membres du gouvernement, Élisabeth Borne en tête, se sont contentés de noyer l’affaire dans une indignation générale face «aux agressions d’élus», évitant soigneusement de pointer la responsabilité directe de l’extrême droite, renvoyée dos à dos à la supposée violence de la gauche mobilisée contre la réforme des retraites. Les casserolades anti-Macron aussi dangereuses que la haine raciale des nazillons? Effroyable parallèle d’une cheffe de l’exécutif qui nivelle, par pur calcul politique, l’échelle des valeurs. Et offre ainsi un carburant inépuisable à la banalisation des idées d’extrême droite.

Les combattre nécessite une clarté des mots et aucun compromis. Le confusionnisme, l’attentisme et les arrière-pensées d’une majorité qui ménage le RN, vu comme son assurance-vie électorale, reviennent à jouer avec le feu. Et à faire le lit de cette peste brune qui n’hésite plus à défiler dans les rues. À la démission d’un élu, le gouvernement ne peut opposer sa propre démission.

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