Une inaction coupable, doublée d’une mansuétude
suspecte. Voilà le terrible constat que révèle la démission contrainte de
Yannick Morez. Depuis des mois, le maire de Saint-Brevin-les-Pins
(Loire-Atlantique), commune où doit être déplacé un centre d’accueil pour
demandeurs d’asile, subit menaces de mort et harcèlement de l’extrême droite
jusqu’à être victime, fin mars, d’un incendie criminel à son domicile. Inquiet
pour sa famille, écœuré de n’obtenir aucun soutien de l’État face aux velléités
xénophobes du RN et de Reconquête, l’édile a fini par décider, la mort dans
l’âme, de raccrocher son écharpe et de quitter sa commune. Ce geste de survie –
rarissime – est un cri d’alarme pour notre démocratie, menacée autant par la
montée des violences fascisantes que par l’atonie insupportable du gouvernement
qui les accompagne.
Le croiriez-vous ? Prompt à dénoncer « l’écoterrorisme », Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, n’avait toujours pas réagi – à l’heure où ces lignes sont écrites – à cette démission d’un élu de la République menacé de mort. Difficile de faire
silence plus accablant. Les autres membres du gouvernement, Élisabeth Borne en
tête, se sont contentés de noyer l’affaire dans une indignation générale face « aux agressions d’élus », évitant soigneusement de pointer la responsabilité
directe de l’extrême droite, renvoyée dos à dos à la supposée violence de la
gauche mobilisée contre la réforme des retraites. Les casserolades anti-Macron
aussi dangereuses que la haine raciale des nazillons ? Effroyable
parallèle d’une cheffe de l’exécutif qui nivelle, par pur calcul politique,
l’échelle des valeurs. Et offre ainsi un carburant inépuisable à la
banalisation des idées d’extrême droite.
Les combattre nécessite une clarté des mots et aucun
compromis. Le confusionnisme, l’attentisme et les arrière-pensées d’une
majorité qui ménage le RN, vu comme son assurance-vie électorale, reviennent à
jouer avec le feu. Et à faire le lit de cette peste brune qui n’hésite plus à
défiler dans les rues. À la démission d’un élu, le gouvernement ne peut opposer
sa propre démission.
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