jeudi 11 mai 2023

« Oh, les beaux jours… », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



La semaine des quatre jeudis, ce n’est pas pour tout de suite. La semaine de quatre jours non plus, mais on en parle de plus en plus. Au Royaume-Uni, 92% des entreprises qui lont testée lont adoptée et les enquêtes auprès des salariées et salariés témoignent de leur satisfaction, en termes de stress, de vie familiale, etc. La métropole de Lyon vient d’annoncer qu’elle allait la proposer à ses 5 500 agents dès septembre, sur la base du volontariat, à temps de travail égal, soit 35 heures. Ce n’est pas toujours le cas. L’Urssaf de Picardie l’a également expérimentée, mais avec une augmentation d’une heure du temps de travail, soit 36 heures, avec des journées de neuf heures. Résultat, cinq personnes seulement ont accepté.

Reste que la perspective d’une journée libre de plus par semaine séduit, à juste titre. De l’avis de nombreux experts, la crise sanitaire a conduit nombre de salariés à s’interroger sur la valeur même de leur temps passé à des tâches lourdes ou ingrates ou fastidieuses. Au gouvernement, on feint de s’en préoccuper. Mme Borne voudrait, dit-on, renouer le dialogue avec les syndicats sur ces questions. Travailler moins et mieux en imposant deux années de plus. C’est pour le moins culotté!

L’aspiration à travailler moins traverse l’histoire sociale et politique. Elle fut, avec le Front populaire, Mai 68, l’expression des plus grandes conquêtes du monde du travail. Mais elle ne peut se dissocier de la question du salaire et des conditions de travail elles-mêmes, et elle pose une question fondamentale. Celui du sens et de la finalité du travail. Sens et finalité sont aujourd’hui confisqués par l’organisation – ou la désorganisation – capitaliste de la production, dès lors qu’il s’agit de verser des dividendes aux ­actionnaires et non de répondre aux besoins de la société et des salariés eux-mêmes. On parle maintenant, il est vrai, de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Mais qu’en est-il dans le cadre d’une politique dite «de loffre», conduisant chacune delles à se positionner sur un créneau censé être porteur, quitte à en changer dès que l’on trouve plus rentable. Oui à la semaine de quatre jours et à un travail qui émancipe et non qui aliène.

 

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