La semaine des quatre jeudis, ce n’est pas pour tout
de suite. La semaine de quatre jours non plus, mais on en parle de plus en
plus. Au Royaume-Uni, 92 % des entreprises qui l’ont testée l’ont adoptée et les enquêtes auprès des salariées et salariés témoignent de leur satisfaction, en termes de stress, de
vie familiale, etc. La métropole de Lyon vient d’annoncer qu’elle allait
la proposer à ses 5 500 agents dès septembre, sur la base du volontariat,
à temps de travail égal, soit 35 heures. Ce n’est pas toujours le cas.
L’Urssaf de Picardie l’a également expérimentée, mais avec une augmentation
d’une heure du temps de travail, soit 36 heures, avec des journées de neuf
heures. Résultat, cinq personnes seulement ont accepté.
Reste que la perspective d’une journée libre de plus
par semaine séduit, à juste titre. De l’avis de nombreux experts, la crise
sanitaire a conduit nombre de salariés à s’interroger sur la valeur même de
leur temps passé à des tâches lourdes ou ingrates ou fastidieuses. Au
gouvernement, on feint de s’en préoccuper. Mme Borne voudrait, dit-on,
renouer le dialogue avec les syndicats sur ces questions. Travailler moins et
mieux en imposant deux années de plus. C’est pour le moins culotté !
L’aspiration à travailler moins traverse l’histoire
sociale et politique. Elle fut, avec le Front populaire, Mai 68, l’expression
des plus grandes conquêtes du monde du travail. Mais elle ne peut se dissocier
de la question du salaire et des conditions de travail elles-mêmes, et elle
pose une question fondamentale. Celui du sens et de la finalité du travail.
Sens et finalité sont aujourd’hui confisqués par l’organisation – ou la
désorganisation – capitaliste de la production, dès lors qu’il s’agit de verser
des dividendes aux actionnaires et non de répondre aux besoins de la société
et des salariés eux-mêmes. On parle maintenant, il est vrai, de la
responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Mais qu’en est-il
dans le cadre d’une politique dite « de l’offre », conduisant
chacune d’elles à se
positionner sur un créneau censé être porteur, quitte à en changer dès que l’on
trouve plus rentable. Oui à la semaine de quatre jours et à un travail qui
émancipe et non qui aliène.
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