« En avoir pour mes impôts ». L’intitulé claque comme le titre d’une émission de C8. On imagine sans peine Cyril Hanouna
chargé de débusquer la
gabegie fiscale, nous expliquant sous le sceau du bon sens, comment il est
contre-productif d’augmenter
les impôts sur les plus riches, et pleurant sur le sort de son
patron, Bolloré, victime d’un affreux matraquage fiscal. Le cauchemar… et
pourtant, même sans « Baba », la réalité est bien pire.
« En avoir pour mes impôts » est une opération estampillée ministère des Finances qui, sous prétexte de « donner aux contribuables l’opportunité de s’informer et d’exprimer leur avis sur l’utilisation qui est faite de leurs impôts », flingue
méthodiquement les concepts de justice, de redistribution, d’équité, de
protection sociale et de solidarité. Faire de l’impôt un coût qui implique un
retour direct pour ceux qui le payent induit l’idée que ceux qui n’y sont pas
assujettis sont des profiteurs. Idée encore renforcée par l’une des questions : « Seriez-vous favorable à un impôt universel, payé par tous les Français indépendamment de leurs revenus ? »
Par contre, pas de question sur un rétablissement de
l’impôt sur la fortune, la création de nouvelles tranches ou une progressivité
renforcée… Exit le débat sur la nature politique de la collecte de l’impôt, des
choix qui conduisent à les alléger pour les entreprises ou à limiter le taux
marginal de l’impôt sur le revenu à 45 %, une aubaine pour les plus fortunés. Sans débat sur la collecte de l’impôt, comment débattre de la répartition de
son produit ?
En réalité, avec cette opération, le gouvernement
tente d’imposer un raisonnement fallacieux. Les Français ne veulent pas payer
plus d’impôts, cela implique donc de recentrer les dépenses de l’État sur les
fonctions régaliennes, de se désengager des autres au profit du privé et de
réduire le poids de la dette publique… « la preuve que les réformes sont nécessaires ». C.Q.F.D.
Syllogisme et populisme, en lieu et place d’un véritable débat démocratique,
sont le signe d’un pouvoir aux abois. Pourtant, ce ne sont pas les questions
qui manquent sur le sujet : de la légitimité de la TVA à la lutte contre le séparatisme
fiscal des riches.
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