mardi 9 mai 2023

« Syllogisme et populisme », l‘éditorial de Stéphane Sahuc dan l’Humanité.



«En avoir pour mes impôts». Lintitulé claque comme le titre dune émission de C8. On imagine sans peine Cyril Hanouna chargé de débusquer la gabegie fiscale, nous expliquant sous le sceau du bon sens, comment il est contre-productif daugmenter les impôts sur les plus riches, et pleurant sur le sort de son patron, Bolloré, victime d’un affreux matraquage fiscal. Le cauchemar… et pourtant, même sans «Baba», la réalité est bien pire.

«En avoir pour mes impôts» est une opération estampillée ministère des Finances qui, sous prétexte de «donner aux contribuables lopportunité de sinformer et dexprimer leur avis sur lutilisation qui est faite de leurs impôts», flingue méthodiquement les concepts de justice, de redistribution, d’équité, de protection sociale et de solidarité. Faire de l’impôt un coût qui implique un retour direct pour ceux qui le payent induit l’idée que ceux qui n’y sont pas assujettis sont des profiteurs. Idée encore renforcée par l’une des questions: «Seriez-vous favorable à un impôt universel, payé par tous les Français indépendamment de leurs revenus?»

Par contre, pas de question sur un rétablissement de l’impôt sur la fortune, la création de nouvelles tranches ou une progressivité renforcée… Exit le débat sur la nature politique de la collecte de l’impôt, des choix qui conduisent à les alléger pour les entreprises ou à limiter le taux marginal de l’impôt sur le revenu à 45%, une aubaine pour les plus fortunés. Sans débat sur la collecte de limpôt, comment débattre de la répartition de son produit?

En réalité, avec cette opération, le gouvernement tente d’imposer un raisonnement fallacieux. Les Français ne veulent pas payer plus d’impôts, cela implique donc de recentrer les dépenses de l’État sur les fonctions régaliennes, de se désengager des autres au profit du privé et de réduire le poids de la dette publique… «la preuve que les réformes sont nécessaires». C.Q.F.D. Syllogisme et populisme, en lieu et place d’un véritable débat démocratique, sont le signe d’un pouvoir aux abois. Pourtant, ce ne sont pas les questions qui manquent sur le sujet: de la légitimité de la TVA à la lutte contre le séparatisme fiscal des riches. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...