La CGT a choisi les volcans d’Auvergne pour décor de
son congrès. Une manière peut-être involontaire de rappeler qu’entre deux
éruptions, le cratère ne dort jamais. Qui aurait pu prédire, il y a quelques
semaines encore, l’explosion sociale en cours, son caractère massif, son
dynamisme et sa ténacité ? Ce mouvement historique plante le décor extraordinaire des débats des délégués du syndicat dirigé par Philippe Martinez, et rebat toutes les cartes. Ceux qui théorisaient sans fin sur le déclin inéluctable des syndicats, ou sur la lutte de classes dépassée par le « réalisme » des discussions polies entre « partenaires
sociaux », en sont
pour leurs frais. Ce sont eux qui sont dépassés : dépassés par la rue, dépassés par les Français qui soutiennent à une écrasante majorité la grève et l’intersyndicale pour
faire reculer le gouvernement.
Le congrès de la CGT s’ouvre, mais l’avenir de la
centrale se joue pour une bonne part en ce moment dans la rue. Les bulletins
d’adhésion affluent, les jeunes se pressent derrière ses camions de sono et
plébiscitent l’unité et le rôle moteur de la vieille centenaire qui ne « lâche rien ». Bien sûr, quand les chants et les slogans se tairont, un autre combat commencera pour
le ou la successeur·e de
Philippe Martinez : fidéliser et
organiser dans les luttes quotidiennes tous ces primo-manifestants, les
précaires, les ubérisés, les étudiants salariés, les travailleurs à domicile,
les employés des TPE, souvent isolés, loin de tout syndicat.
En attendant, les confédérations tiennent une belle
revanche. Méprisées par Emmanuel Macron, qui considérait pouvoir se passer
d’elles – la CFDT, interlocutrice attitrée du pouvoir, en a été la plus
meurtrie –, reléguées par des lois qui font primer le dialogue social en
entreprise à la négociation nationale, elles scellent leur retour dans l’unité,
sur une base imprévue : le rapport de force dans la lutte. La violence d’État inouïe contre les manifestants n’y change
rien. Le choix de la CGT d’un
syndicalisme offensif, unitaire, ouvert est conforté. Philippe Martinez peut quitter ses fonctions avec
fierté.
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