dimanche 26 mars 2023

« Fierté », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



La CGT a choisi les volcans d’Auvergne pour décor de son congrès. Une manière peut-être involontaire de rappeler qu’entre deux éruptions, le cratère ne dort jamais. Qui aurait pu prédire, il y a quelques semaines encore, l’explosion sociale en cours, son caractère massif, son dynamisme et sa ténacité? Ce mouvement historique plante le décor extraordinaire des débats des délégués du syndicat dirigé par Philippe Martinez, et rebat toutes les cartes. Ceux qui théorisaient sans fin sur le déclin inéluctable des syndicats, ou sur la lutte de classes dépassée par le «réalisme» des discussions polies entre «partenaires sociaux», en sont pour leurs frais. Ce sont eux qui sont dépassés: dépassés par la rue, dépassés par les Français qui soutiennent à une écrasante majorité la grève et l’intersyndicale pour faire reculer le gouvernement.

Le congrès de la CGT s’ouvre, mais l’avenir de la centrale se joue pour une bonne part en ce moment dans la rue. Les bulletins d’adhésion affluent, les jeunes se pressent derrière ses camions de sono et plébiscitent l’unité et le rôle moteur de la vieille centenaire qui ne «lâche rien». Bien sûr, quand les chants et les slogans se tairont, un autre combat commencera pour le ou la successeur·e de Philippe Martinez: fidéliser et organiser dans les luttes quotidiennes tous ces primo-manifestants, les précaires, les ubérisés, les étudiants salariés, les travailleurs à domicile, les employés des TPE, souvent isolés, loin de tout syndicat.

En attendant, les confédérations tiennent une belle revanche. Méprisées par Emmanuel Macron, qui considérait pouvoir se passer d’elles – la CFDT, interlocutrice attitrée du pouvoir, en a été la plus meurtrie –, reléguées par des lois qui font primer le dialogue social en entreprise à la négociation nationale, elles scellent leur retour dans l’unité, sur une base imprévue: le rapport de force dans la lutte. La violence d’État inouïe contre les manifestants ny change rien. Le choix de la CGT dun syndicalisme offensif, unitaire, ouvert est conforté. Philippe Martinez peut quitter ses fonctions avec fierté.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...