Claude Monet a peint cette toile le 13 novembre 1872, il y a
150 ans en une séance le matin de bonne heure, lors d'un séjour au Havre. ville de
son enfance. Choisissant un de ses thèmes favoris, un port symbole de la révolution
industrielle du xixe siècle
et s'inspirant des marines, soleils levant et soleils couchant. Une enquête
publiée par le musée MARMOTTAN-MONET en 2014, fondée sur des hypothèses
vraisemblables et l'analyse de données topographiques, de bulletins
météorologiques et le calcul des trajectoires célestes confirme qu'il s'agit
bien d'un soleil levant et non couchant comme le pensaient certains historiens
de l'art. Le tableau représenterait l'aspect du port le 13 novembre
1872 à 7 h 35 du matin, date la plus probable entre six hypothèses
soutenables dans l'hiver 1872-1873. Claude Monet présente cette vue de l'ancien
avant-port du Havre à la
première exposition de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et
graveurs qui a lieu du 15 avril au 15 mai 1874.
C'est à cette occasion que le journaliste chargé de la rédaction du
catalogue, Edmond Renoir,
frère du peintre Pierre Auguste Renoir, a demandé à Claude Monet de mettre un
autre nom que « Vue du Havre » et Claude Monet a dit « Mettez
Impression », Edmond Renoir complétant par « soleil levant ». En
1940, elle s'intitule Coucher de soleil. Jusqu'en 1959, elle apparaît
encore dans les inventaires du musée – comme dans de nombreux ouvrages - sous
le titre « Impression » ou « Impression, soleil
couchant », ne prenant le titre « d’Impression, soleil levant » qu'en
1965. Cette œuvre a été volée en 1985 avec
quatre autres Monet et deux Renoir au musée MARMOTTAN et retrouvée
en décembre 1990 à Porto-Vecchio chez un malfrat corse. En
2014, a lieu au musée MARMOTTAN - MONET la première exposition jamais dédiée à
l'œuvre. « Impression soleil levant : l'Histoire vraie du chef-d'œuvre
de Claude Monet » s'y tient du 18 septembre 2014 au 18
janvier 2015. Au premier plan dans une mer aux teintes bleu vert se dégage en silhouette une figure propulsant une barque à la godille ; plus loin, une seconde,
indistincte, contribue à un effet de profondeur. La seule couleur chaude est
le rouge-orangé du disque solaire et ses reflets dans le clapot de l’eau. À
l'arrière-plan, dans la brume d'un camaïeu gris-bleuté,
se noie le port du Havre avec dans les lignes de fuites un jeu de verticales
qui figurent des mâts de grands voiliers à quai, des grues sur des docks et des
cheminées d'usines qui indiquent un vent léger de nord-ouest. La marée est haute puisqu'on
aperçoit les mats de grands bateaux, et que ceux-ci ne peuvent accéder au port
que pendant cette période. La composition se caractérise par l'horizontalité du
paysage représenté et le partage de l'image en tiers selon le schéma de la
perspective japonaise, le tiers supérieur étant composé de touches horizontales
consacrées au ciel et les deux tiers inférieurs au port baigné dans un
brouillard bleuté et à la mer. Cependant, tout est esquissé pour saisir cet
instant fugitif avant que la lumière aveuglante du jour ne fige le paysage. Les
silhouettes des bateaux se détachent à peine du reste du tableau, baigné dans
le flou de l'atmosphère du grand port. Seul le disque orange et plat du soleil
levant se détache de ses tons froids. Cela place cette œuvre à la frontière de
l'abstraction, si le soleil et la barque, ainsi que le titre, ne venaient pas
guider le spectateur à décrypter la scène. Le
Soleil semble être le point le plus lumineux sur la toile mais la mesure de
sa luminance avec un photomètre montre que
Monet lui a donné la même luminosité que le ciel qui l'entoure. Margaret
Livingstone, professeur de neurobiologie à l'université Harvard,
fait remarquer que la désaturation des
couleurs de la toile fait disparaître le soleil levant et son reflet. Elle
rappelle aussi que la fovéa de la rétine de
l'œil humain distingue les couleurs alors que la vision périphérique capte
les mouvements et les ombres, ce qui explique que lorsque le regard se détourne
du soleil, l'intensité lumineuse de ce dernier s'estompe et que la vision
périphérique lui donne un aspect indécis comme lors d'un lever de soleil. Les couleurs sont juxtaposées ce qui
donne au tableau un aspect de non fini.
samedi 12 novembre 2022
Claude Monet : « Impression, soleil levant »
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