Toute ta vie, tu vois, t’as défendu ta terre contre vents et marées, grêle et gelée qui tuent, tu as saigné, sué, côtoyé la misère, mais au soir de tes jours qu’en retireras-tu ? Tes enfants sont partis, papillons en cavale attirés par les feux des néons en folie, et la goutte d’alcool qu’au matin tu avales ne suffit même plus à dissiper l’ennui. Tu promènes parfois ton regard sur tes champs et remonte en ton cœur un soupçon de fierté, même si tu sais bien que la route des vents est passée trop souvent dans les mains des banquiers. Travailler, à quoi bon, tu n’as plus la manière quand tout autour de toi seul compte le profit, qu’on en est arrivé à payer les jachères, à remplacer le blé par la ronce et l’ortie. Restent les souvenirs pour réchauffer ta tête, les moissons, les vendanges et l’odeur des sillons, ces flonflons de trois sous pour te faire la fête comme bouquet de fleurs parfumant l’abandon.
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