Dans le flot
d’attaques contre les libertés fondamentales, il en est une qui nécessite une
mobilisation bien plus forte : la liberté académique. Sous couvert de
lutte contre les « idéologies », des irresponsables politiques, du
camp macroniste au RN, désignent tour à tour « l’islamo-gauchisme », les études de genre, les travaux sur les discriminations,
la colonisation, ou la Palestine, comme autant de menaces pour la République.
Pressions,
ingérences politiques, cyberharcèlement, procédures bâillons, annulation de
colloques… Ces atteintes fragilisent la production d’une recherche indépendante
au moment où notre démocratie n’en a sans doute jamais eu autant besoin, érodée
par la « post-vérité », où les faits semblent avoir moins
d’importance que les pulsions de l’opinion. Les chercheurs ciblés se
retrouvent parfois bien seuls.
Le sujet
devrait pourtant préoccuper tous les défenseurs de la démocratie. Il suffit de
regarder outre-Atlantique pour comprendre ce qui nous attend si la nation ne se
réveille pas pour protéger la liberté académique. En quelques mois
seulement, Donald Trump a dynamité
tout l’édifice de la science américaine, ouvert une chasse aux sorcières qui a déjà poussé nombre d’intellectuels à
l’exil.
Partout
où l’extrême droite gagne du terrain, elle restreint ou attaque
frontalement l’autonomie de la recherche, met au pas les universités. La France
n’est pas épargnée par cette vaste offensive. La semaine dernière, trois députés RN se sont
introduits dans un campus de la Sorbonne pour mettre en scène le supposé « entrisme islamiste » dans
l’enseignement supérieur. Une scène inimaginable il y a encore quelques années.
Le pouvoir
macroniste avait ouvert les vannes en 2020 avec les propos de Jean-Michel
Blanquer sur « l’islamo-gauchisme » à l’université. Ce n’est pas en
muselant ses chercheurs ni en traquant des « ennemis intérieurs »
dans les amphithéâtres que la France affrontera les défis sociaux, écologiques
et démocratiques qui l’attendent. Comme le demande le mouvement Stand up for Science, le principe de liberté académique doit être
inscrit dans la Constitution. Avant qu’il ne soit trop tard.

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