mercredi 10 décembre 2025

« PLFSS : comment Lecornu sème la dissension à gauche », l’éditorial de Laurent Mouloud.



La séquence du PLFSS est près de se refermer. Mais ses répercussions politiques sont loin d’être éteintes. Jamais depuis son instauration, en 1996, un projet de loi de financement de la Sécurité sociale n’aura suscité un tel éclatement des voix au sein même des groupes. Écartelés entre le besoin de compromis et le risque de compromission, les députés des groupes PS, Écologistes, Horizons et LR ont godillé jusqu’au dernier moment pour, au final, soutenir ou s’abstenir, permettant une adoption in extremis.

En conciliant les positions des socialistes et de la droite, Sébastien Lecornu a fait – au minimum – coup double. Il sauve sa tête au gouvernement avec sa « stratégie des petits pas », mais sème également les germes de la dissension à gauche, en soufflant dans le dos d’un PS regonflé, qui lorgne désormais le leadership face à La France insoumise.

C’est tout le piège de cette séquence budgétaire. Cristalliser les divisions du camp progressiste à quelques encablures d’échéances électorales cruciales pour l’avenir du pays. À l’évidence, le PLFSS voté par l’Assemblée n’est pas un texte de progrès social.

Personne ne peut dire le contraire. Imprégné de philosophie libérale et austéritaire, il contraint toujours le budget des hôpitaux, maintient la taxation des mutuelles ou encore la tarification à l’acte. Et il est vrai, aussi, que les reculs obtenus par le PS, sur le dégel des prestations sociales ou encore la suspension de la réforme des retraites, ne comptent pas pour rien. Le « musée des horreurs » s’est mué en « boutique des horreurs ». Mais quelle que soit l’analyse, une chose est sûre : le meilleur cadeau que pourrait faire la gauche au camp libéral-conservateur serait de débattre à l’infini de ces acquis et renoncements.

Car ne nous leurrons pas. Un réel changement de cap budgétaire, que ce soit pour notre modèle social ou l’avenir de la France, ne peut s’obtenir que par un changement de majorité et des victoires électorales, aux prochaines municipales et plus encore à la présidentielle. Pour cela, la gauche a besoin d’unir toutes ses forces. En évitant à tout prix de faire de ce vote de circonstance une cause de rupture définitive.

 

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