La séquence du
PLFSS est près de se refermer. Mais ses répercussions politiques sont loin
d’être éteintes. Jamais depuis son instauration, en 1996, un projet de loi de
financement de la Sécurité sociale n’aura suscité un tel éclatement des voix au
sein même des groupes. Écartelés entre le besoin de compromis et le risque de
compromission, les députés des groupes PS, Écologistes, Horizons et LR ont
godillé jusqu’au dernier moment pour, au final, soutenir ou s’abstenir,
permettant une adoption in extremis.
En conciliant les
positions des socialistes et de la droite, Sébastien Lecornu a fait – au minimum – coup double. Il sauve sa tête au
gouvernement avec sa « stratégie des petits pas », mais sème
également les germes de la dissension à gauche, en soufflant dans le dos d’un
PS regonflé, qui lorgne désormais le leadership face à La France insoumise.
C’est tout le
piège de cette séquence budgétaire. Cristalliser les divisions du camp
progressiste à quelques encablures d’échéances électorales cruciales pour
l’avenir du pays. À l’évidence, le PLFSS voté par l’Assemblée n’est pas un
texte de progrès social.
Personne ne
peut dire le contraire. Imprégné de philosophie libérale et austéritaire, il
contraint toujours le budget des hôpitaux, maintient la taxation des mutuelles
ou encore la tarification à l’acte. Et il est vrai, aussi, que les reculs
obtenus par le PS, sur le dégel des prestations sociales ou encore la
suspension de la réforme des retraites, ne comptent pas pour rien. Le « musée
des horreurs » s’est mué en « boutique des horreurs ». Mais
quelle que soit l’analyse, une chose est sûre : le meilleur cadeau que
pourrait faire la gauche au camp libéral-conservateur serait de débattre à
l’infini de ces acquis et renoncements.
Car ne nous
leurrons pas. Un réel changement de cap budgétaire, que ce soit pour notre
modèle social ou l’avenir de la France, ne peut s’obtenir que par un changement
de majorité et des victoires électorales, aux prochaines municipales et plus
encore à la présidentielle. Pour cela, la gauche a besoin d’unir toutes ses
forces. En évitant à tout prix de faire de ce vote de circonstance une cause de
rupture définitive.
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