mardi 16 décembre 2025

Les fêtes de fin d'année, un laboratoire des résistances



Ah, les fêtes ! Ce moment où les rôles se figent comme dans un tableau du temps pas si jadis que cela. Les petits garçons reçoivent essentiellement des camions de pompiers, des Lego, des places de foot, des jeux d’aventure. Les petites filles ? Des Barbie, des poupées, des déguisements de princesse, du maquillage…

Les hommes discutent de travail ou de politique au salon ; les femmes débarrassent la table en parlant des enfants. Comme le raconte cette femme, Éléonore, dans une interview : « Noël dernier, nous sommes quelques cousines à ne pas nous être levées à la fin du dîner et nous avons attendu que les garçons fassent leur part. Ça a mené à une conversation intéressante ! » Traduction : elles se sont rebellées en restant assises. Efficace ? Absolument.

Ces gestes peuvent paraître dérisoires face aux enjeux monumentaux de certains pays. Aussi, quelqu’un risque de vous répondre : « Et les Afghanes, alors ? » Bien sûr, cette personne se garde bien de se mobiliser d’une quelconque manière pour elles. En réalité, elle cherche juste à vous empêcher de parler.

Puisque la totalité des droits civiques sont confisqués là-bas, l’exigence d’une égalité réelle, pleine et entière ici serait superfétatoire. Rien de très original car cette méthode fonctionne toujours de la même manière : par la minoration des violences sexistes et sexuelles en France, en comparant notre situation à des contextes où les droits des femmes sont inexistants.

Alors voici quelques idées pour prouver facilement et rapidement que les droits des femmes en France ne sont pas appliqués correctement. Il est certes théoriquement interdit de violer ou d’agresser mais 94 % des plaintes pour viol sont classées sans suite, et 86 % de celles pour agressions sexuelles aussi. Non, ce ne sont pas les chiffres de féministes hystériques, mais ceux issus du logiciel Cassiopée utilisé par les services de justice.

Non, les classements ne sont pas provoqués par le prétendu mensonge des femmes – qui n’est quasiment jamais rapporté –, mais parce que le budget de la justice est insuffisant pour pouvoir mener des enquêtes efficaces. Autre exemple, en théorie aussi, la liberté d’avorter est inscrite dans la Constitution, mais dans la pratique, le Planning familial alerte sur le fait qu’une femme sur 4 ait à changer de département pour un avortement.

Nous pourrions continuer la liste longtemps mais l’idée générale est la suivante : nos revendications et gestes du quotidien ne sont pas inutiles, ils bousculent les habitudes et font réfléchir aux stéréotypes. Ce sont les stéréotypes sexistes qui permettent aux violences d’exister. Chaque femme qui reprend sa place ouvre la voie à la suivante. Chaque microrésistance normalise l’égalité entre les femmes et les hommes et nous fait avancer vers une société moins clivante.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les fêtes de fin d'année, un laboratoire des résistances

Ah, les fêtes ! Ce moment où les rôles se figent comme dans un tableau du temps pas si jadis que cela. Les petits garçons reçoivent essent...