Ah, les
fêtes ! Ce moment où les rôles se figent comme dans un tableau du temps
pas si jadis que cela. Les petits garçons reçoivent essentiellement des camions
de pompiers, des Lego, des places de foot, des jeux d’aventure. Les petites
filles ? Des Barbie, des poupées, des déguisements de princesse, du
maquillage…
Les hommes
discutent de travail ou de politique au salon ; les femmes débarrassent la
table en parlant des enfants. Comme le raconte cette femme, Éléonore, dans une
interview : « Noël dernier, nous sommes quelques cousines à ne pas
nous être levées à la fin du dîner et nous avons attendu que les garçons
fassent leur part. Ça a mené à une conversation intéressante ! »
Traduction : elles se sont rebellées en restant assises. Efficace ?
Absolument.
Ces gestes
peuvent paraître dérisoires face aux enjeux monumentaux de certains pays.
Aussi, quelqu’un risque de vous répondre : « Et les Afghanes,
alors ? » Bien sûr, cette personne se garde bien de se mobiliser
d’une quelconque manière pour elles. En réalité, elle cherche juste à vous
empêcher de parler.
Puisque la
totalité des droits civiques sont confisqués là-bas, l’exigence d’une égalité
réelle, pleine et entière ici serait superfétatoire. Rien de très original car
cette méthode fonctionne toujours de la même manière : par la minoration
des violences sexistes et sexuelles en France, en comparant notre situation à
des contextes où les droits des femmes sont inexistants.
Alors voici
quelques idées pour prouver facilement et rapidement que les droits des femmes
en France ne sont pas appliqués correctement. Il est certes théoriquement
interdit de violer ou d’agresser mais 94 % des plaintes pour viol sont
classées sans suite, et 86 % de celles pour agressions sexuelles aussi.
Non, ce ne sont pas les chiffres de féministes hystériques, mais ceux issus du
logiciel Cassiopée utilisé par les services de justice.
Non, les
classements ne sont pas provoqués par le prétendu mensonge des femmes – qui
n’est quasiment jamais rapporté –, mais parce que le budget de la justice est
insuffisant pour pouvoir mener des enquêtes efficaces. Autre exemple, en
théorie aussi, la liberté d’avorter est inscrite dans la Constitution, mais
dans la pratique, le Planning familial alerte sur le fait qu’une femme sur 4 ait
à changer de département pour un avortement.
Nous pourrions
continuer la liste longtemps mais l’idée générale est la suivante : nos
revendications et gestes du quotidien ne sont pas inutiles, ils bousculent les
habitudes et font réfléchir aux stéréotypes. Ce sont les stéréotypes sexistes
qui permettent aux violences d’exister. Chaque femme qui reprend sa place ouvre
la voie à la suivante. Chaque microrésistance normalise l’égalité entre les
femmes et les hommes et nous fait avancer vers une société moins clivante.

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