C’est une
nouvelle série de témoignages d’élèves victimes de violences que révèle
aujourd’hui l’Humanité. Une fois encore, c’est un établissement privé
d’enseignement catholique qui est au
cœur du scandale. L’affaire Bétharram a
libéré la parole et nous n’en
sommes probablement qu’au commencement. Les différentes auditions dans le cadre
de « l’enquête sur les modalités du contrôle par l’État et de la
prévention des violences dans les établissements scolaires » prouvent
qu’il y a bien un problème systémique dans les établissements de type Bétharram
ou Saint-Joseph de Nay, où se sont déroulés les faits que nous révélons. Non
que les autres soient épargnés, mais on n’y trouve pas cette fréquence des
comportements violents sur des enfants de la part d’adultes.
Dans ces
établissements, l’obéissance absolue et immédiate a longtemps été considérée
comme une vertu cardinale. L’obéissance à Dieu, au prêtre, à l’éducateur, au
père, au supérieur et à tout ce qui représente l’autorité. Un modèle patriarcal
et archaïque que certains à droite et à l’extrême droite continuent d’encenser
aujourd’hui. Ils le présentent toujours comme la solution pour « redresser
une jeunesse en manque d’autorité ».
Dans ce modèle
de société, au plus bas de la pyramide, on trouve les femmes et les enfants.
Dans ce monde, « qui aime bien châtie bien ». Les châtiments corporels, les humiliations et les processus de domination font
partie intégrante du mode d’éducation « efficace » pour inculquer le
respect inconditionnel de la hiérarchie et de l’autorité. Pour que chacun reste
à sa place et se comporte en conséquence… en bas mais aussi en haut de la
pyramide. La garantie d’un ordre social immuable.
Le 29 frimaire
de l’an II, c’est à cela que la Convention s’attaque en adoptant la première
loi scolaire. Comme l’écrit l’historien Côme Simien, elle essaie, « pour les garçons et pour les
filles », de faire de l’école « une République en réduction,
où la vivre déjà, sans châtiment corporel mais avec de petits codes de lois, le
tutoiement, la volonté du bonheur ». C’est cet esprit, non saint mais
citoyen et révolutionnaire, qu’à Bétharram, Saint-Joseph et ailleurs, on
s’acharne encore à extirper à coups de sévices.
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