Poussée par les
vents puants d’outre-Atlantique et portée par un contexte national qui n’en
finit plus de faire sauter les digues, l’extrême droite peaufine son
offensive idéologique. L’empire Bolloré s’est
mis à son service et les réactionnaires investissent tous les champs de
l’information, de l’édition, du
divertissement, des réseaux sociaux. La bataille culturelle engagée est
violente. Elle participe d’une effarante inversion des valeurs autant qu’elle
nourrit un confusionnisme délétère, qui brouille les repères, et consacre les
post-vérités.
L’extrême
droite a l’Humanité en ligne de mire. Parce qu’elle dénonce à juste
titre la diatribe islamophobe
de la députée Caroline Yadan sur le plateau de l’After Foot de RMC, l’Humanité est qualifiée de « complice
médiatique » par un Julien Odoul, député et porte-parole du
Rassemblement national, tout juste condamné pour recel de détournement de fonds
publics.
Parce qu’elle
publie une tribune de la CGT
excédée par les méthodes du magazine d’extrême droite Frontières qui verse dans le pseudo-journalisme et « met
une cible dans le dos » de collaborateurs et collaboratrices
parlementaires de La France insoumise, l’Humanité est mise à l’index par
le zemmouriste Eric Tegnér, directeur du périodique identitaire.
Celui-là même qui
s’autoproclame – sans rire – « Mediapart de droite », a publié
ce mercredi une « cartographie de l’extrême gauche » dans
laquelle l’Humanité, son directeur et sa fête sont cités. Quelques
heures plus tard, ces « journalistes » surjouaient les victimes à
l’Assemblée nationale, face à un rassemblement syndical prévu précisément pour
dénoncer leurs méthodes.
Ne nous y
trompons pas. Ni les attaques contre le journal de Jean Jaurès ni les
mises en scène grossières ne sont fortuites. Elles s’inscrivent dans une
stratégie politique : préparer le terrain à l’arrivée aux affaires de Le
Pen et consorts. L’eurodéputée proche de Zemmour, Sarah Knafo l’a d’ailleurs
confirmé sans ambages au micro de son copain Hanouna : « Nous, on
n’interdira pas Libération ou l’Humanité. Mais on va arrêter de
payer pour ça. » Aux orties donc, les aides à la presse, l’accès à une
information pluraliste et la démocratie. En la matière, le projet, au moins, a
le mérite de la clarté.
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