En quelques heures, les pires craintes à propos de l’influence de l’extrême
droite sur le nouveau gouvernement ont été confirmées. Au matin du
24 septembre, un député RN demande à Bruno Retailleau de porter plainte
contre un député de gauche. Le ministre de l’Intérieur tout juste investi
s’exécute, avant de multiplier les propositions piochées dans les programmes de
Zemmour et de Le Pen.
Plus grave encore, quand le ministre de l’Économie expliquait vouloir
recevoir à Bercy les forces politiques issues du front républicain ayant
empêché l’extrême droite d’arriver au pouvoir, Le Pen s’agace. « Il
va falloir que le premier ministre explique à ses ministres la philosophie de
son gouvernement, certains ont l’air de n’avoir pas encore compris
! » menace-t-elle.
Aussitôt, Michel Barnier, à Matignon, décroche son téléphone, désavoue son
ministre et, pire encore, appelle la cheffe de file de l’extrême droite pour la
« rassurer ». Sur tous les plateaux de télévision, les cadres du RN
pavoisent. Ils ont dicté le casting, ils peuvent désormais faire désavouer un
ministre. Le gouvernement est sous tutelle. Le premier ministre va-t-il, dans
quelques jours, prononcer son discours de politique générale en scrutant du
coin de l’œil les réactions de l’extrême droite ? C’est aussi scandaleux
qu’intenable.
Michel Barnier invoque le respect de tous les électeurs. Que fait-il des deux Français sur trois qui ont choisi un autre candidat que celui du RN au second tour des législatives anticipées, précisément pour contenir l’influence de l’extrême droite ? Celle-ci ne se contente pas d’hystériser le débat politique, elle utilise le pouvoir dont l’a investie Emmanuel Macron pour valider la purge budgétaire annoncée.
Barnier est un pantin et Marine le Pen une illusionniste qui bafouent de concert les aspirations sociales et démocratiques exprimées par les Français. Dans ce champ de ruines, on croit rêver de trouver un peu de lucidité dans la parole d’Éric Woerth, macroniste et ancien sarkozyste, qui voit dans le fait de gouverner sous la menace du RN un « piège mortel ». Allô, Barnier ?
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