jeudi 12 septembre 2024

« Les gens d’en bas », l’éditorial de Marie-José Sirach dans l’Humanité.



La dernière enquête réalisée par le Secours populaire français est sans équivoque. La pauvreté dans notre pays augmente. À quoi mesure-t-on la pauvreté ? 35 % des Français parviennent à peine à boucler les fins de mois ; 62 % ont connu, ou sont en passe de connaître, une situation de pauvreté. Ce sont les plus précaires, les smicards, les ouvriers, les familles monoparentales, les retraités, les chômeurs et, désormais, les étudiants qui vivent en sursis, comptant le moindre euro de dépense pour ne pas sombrer. Que reste-t-il à cette partie de la population une fois payés le loyer, l’électricité, la nourriture ? Plus grand-chose. Le pauvre passe sa vie à compter. Alors il rogne sur les vacances, renonce à pratiquer une activité sportive, se prive de soins dentaires, saute des repas, ne va plus chez le coiffeur, ne se chauffe pas quand il fait froid. Certains cumulent deux emplois quand d’autres dorment dans leur voiture. Les caissières, les gardiens d’immeuble, les personnels de soins, les livreurs, etc., ils étaient les premiers de cordée, ils sont désormais « les gens d’en bas », comme les appelle le nouveau premier ministre. C’est peut-être plus chic que de les nommer « les sans-dents », mais c’est tout aussi cynique.

La solidarité, la redistribution, la justice sociale et fiscale sont au cœur du projet républicain, héritage de la Révolution française et du Conseil national de la Résistance. Les politiques menées depuis maintenant des décennies lui tournent le dos. Taper sur les pauvres, culpabiliser les chômeurs, épargner les plus riches, telle est la devise de la Macronie. Les pauvres n’ont pas leur place dans la start-up nation. Les apôtres du libéralisme nous parlent de pouvoir d’achat quand il faudrait s’intéresser au pouvoir de vivre.

Alors, à quoi mesure-t-on la pauvreté ? À tous les chiffres vertigineux dévoilés par le Secours populaire français, aux salaires de misère mais aussi aux difficultés toujours plus grandes pour toujours plus de nos concitoyens d’accéder aux services publics, aux transports, à la culture, à l’éducation, à la santé, au bien-être. S’il est urgent d’augmenter les salaires, il est tout aussi urgent de faire du projet républicain l’alpha et l’oméga d’une politique digne de ce nom.

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