La dernière enquête réalisée par le Secours populaire français est sans
équivoque. La pauvreté dans notre pays augmente. À quoi mesure-t-on la
pauvreté ? 35 % des Français parviennent à peine à boucler les fins
de mois ; 62 % ont connu, ou sont en passe de connaître, une situation
de pauvreté. Ce sont les plus précaires, les smicards, les ouvriers, les
familles monoparentales, les retraités, les chômeurs et, désormais, les
étudiants qui vivent en sursis, comptant le moindre euro de dépense pour ne pas
sombrer. Que reste-t-il à cette partie de la population une fois payés le
loyer, l’électricité, la nourriture ? Plus grand-chose. Le pauvre passe sa
vie à compter. Alors il rogne sur les vacances, renonce à pratiquer une
activité sportive, se prive de soins dentaires, saute des repas, ne va plus
chez le coiffeur, ne se chauffe pas quand il fait froid. Certains cumulent deux
emplois quand d’autres dorment dans leur voiture. Les caissières, les gardiens
d’immeuble, les personnels de soins, les livreurs, etc., ils étaient les
premiers de cordée, ils sont désormais « les gens d’en bas », comme
les appelle le nouveau premier ministre. C’est peut-être plus chic que de les
nommer « les sans-dents », mais c’est tout aussi cynique.
La solidarité, la redistribution, la justice sociale et fiscale sont au
cœur du projet républicain, héritage de la Révolution française et du Conseil
national de la Résistance. Les politiques menées depuis maintenant des
décennies lui tournent le dos. Taper sur les pauvres, culpabiliser les
chômeurs, épargner les plus riches, telle est la devise de la Macronie. Les
pauvres n’ont pas leur place dans la start-up nation. Les apôtres du
libéralisme nous parlent de pouvoir d’achat quand il faudrait s’intéresser au
pouvoir de vivre.
Alors, à quoi mesure-t-on la pauvreté ? À tous les chiffres
vertigineux dévoilés par le Secours populaire français, aux salaires de misère
mais aussi aux difficultés toujours plus grandes pour toujours plus de nos
concitoyens d’accéder aux services publics, aux transports, à la culture, à l’éducation,
à la santé, au bien-être. S’il est urgent d’augmenter les salaires, il est tout
aussi urgent de faire du projet républicain l’alpha et l’oméga
d’une politique digne de ce nom.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire