vendredi 2 août 2024

« À l’hôpital, l’été de tous les dangers » l’éditorial de Caroline Constant dans l’Humanité.



Comment faire plus avec toujours moins ? En ces temps de JO, un secteur subit de plein fouet l’absence de vision politique et le manque d’investissements : l’hôpital. 1 300 lits ont été ouverts cet été en région parisienne, une clinique provisoire a même été montée au village olympique. Mais à moyens quasi constants. Les personnels des hôpitaux ont été sommés de ne prendre que quinze jours de congé, alors que leurs rythmes de travail sont maltraitants.

À Pontivy, en Vendée, à Caen, à Nice, on « régule », c’est-à-dire qu’on ferme les urgences, et que le 15 se charge d’orienter les patients. Pire encore : les personnels hospitaliers, qui ne comptent pas leurs heures et travaillent jusqu’au bout de l’épuisement, seront peu ou pas rémunérés pour leur dévouement. Budget serré oblige, la prime de 500 à 1 500 euros dont bénéficient d’autres services publics, comme la police, est attribuée aux soignants sur des critères très sélectifs.

L’été est traditionnellement la saison de tous les dangers à l’hôpital. Moins de personnels, moins de lits, des touristes en masse, des vagues de chaleur. Le tout avec une médecine de ville en lambeaux : dans les déserts médicaux, l’absence de généralistes renvoie les patients vers l’hôpital.

Dans les Ardennes, on estime à 40 % les passages aux urgences sans gravité qui auraient dû être traités par une médecine de ville qui n’existe quasiment plus. Au final, dans cette équation, tout le monde est perdant : les soignants qui s’épuisent et les patients qui doivent attendre des heures pour être pris en charge, quand c’est encore possible, dans des conditions souvent rocambolesques.

L’accès aux soins pour tous est garanti par la Constitution. De coups de boutoir en coups de rabot, il est grignoté et abîmé. Le Nouveau Front populaire avait proposé, pendant sa campagne, une conférence sociale sur l’hôpital. Car il est temps d’inverser la vapeur. Et de donner à l’hôpital les moyens, en termes humains, matériels et de rémunérations, dont toute la société a besoin.

 

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