La gauche et le peuple avec elle sont à un point de bascule. Au moment où
les partis qui composent le Nouveau Front populaire butent sur le nom à
proposer à Matignon, tous marchent sur une ligne de crête, entre transformation
de l’espoir suscité le 7 juillet et risque d’une déception plus profonde
encore.
Ceux qui ont les yeux rivés sur la date de jeudi 18 juillet, certes
déterminante pour les rapports de force au sein de l’Hémicycle, devraient
également tourner leur regard vers le tribunal de Saverne qui ordonnait, ce
mardi, la liquidation pour les 110 salariés de Caddie, ou celui d’Orléans qui
tranchera, ce 17 juillet, l’avenir des 228 de Duralex.
« Ne nous trahissez
pas », conjurait le
slogan pendant la campagne. Mais qui trahit si ce n’est Emmanuel Macron ?
En chute libre, le chef de l’État tente le coup de force afin de faire émerger
une coalition alternative à droite, quitte à outrepasser ses prérogatives et
entretenir le flou entre exécutif et législatif.
La gauche, engagée dans une course de vitesse, n’a d’autre choix que
d’aller jusqu’au bout de la logique unitaire qui l’a portée jusqu’ici et de
remiser au placard les petits calculs hégémoniques d’un autre temps. Dans le
cas contraire, tous, sans exclusive, y perdraient.
Pour les Duralex, les Caddie et tous ceux broyés par les logiques
capitalistes, la boussole existe. Elle réside dans les mesures d’urgence
portées par le Nouveau Front populaire. Retour à la retraite à 60 ans,
révolution fiscale, hausse du Smic et du point d’indice, moratoire sur les
licenciements auquel encourage la CGT ou abrogation de Parcoursup qui charrie
angoisse et inégalités pour des centaines de milliers de bacheliers chaque
année.
Contrairement au locataire de l’Élysée qui se débat désormais dans ses
propres décombres, la gauche a le mérite de tracer un chemin où la République
se conjugue au social. Sans se contenter de néologismes. Dans un monde où
il est devenu possible de tout dire, de travestir la réalité, la parole
politique gagnerait à se reconnecter au réel. Dans ce moment de bascule, le
camp du progrès ne peut compter que sur lui-même.
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