mercredi 17 juillet 2024

« Qui trahit ? », l’éditorial de Lina Sankari dans l’Humanité.



La gauche et le peuple avec elle sont à un point de bascule. Au moment où les partis qui composent le Nouveau Front populaire butent sur le nom à proposer à Matignon, tous marchent sur une ligne de crête, entre transformation de l’espoir suscité le 7 juillet et risque d’une déception plus profonde encore.

Ceux qui ont les yeux rivés sur la date de jeudi 18 juillet, certes déterminante pour les rapports de force au sein de l’Hémicycle, devraient également tourner leur regard vers le tribunal de Saverne qui ordonnait, ce mardi, la liquidation pour les 110 salariés de Caddie, ou celui d’Orléans qui tranchera, ce 17 juillet, l’avenir des 228 de Duralex.

« Ne nous trahissez pas », conjurait le slogan pendant la campagne. Mais qui trahit si ce n’est Emmanuel Macron ? En chute libre, le chef de l’État tente le coup de force afin de faire émerger une coalition alternative à droite, quitte à outrepasser ses prérogatives et entretenir le flou entre exécutif et législatif.

La gauche, engagée dans une course de vitesse, n’a d’autre choix que d’aller jusqu’au bout de la logique unitaire qui l’a portée jusqu’ici et de remiser au placard les petits calculs hégémoniques d’un autre temps. Dans le cas contraire, tous, sans exclusive, y perdraient.

Pour les Duralex, les Caddie et tous ceux broyés par les logiques capitalistes, la boussole existe. Elle réside dans les mesures d’urgence portées par le Nouveau Front populaire. Retour à la retraite à 60 ans, révolution fiscale, hausse du Smic et du point d’indice, moratoire sur les licenciements auquel encourage la CGT ou abrogation de Parcoursup qui charrie angoisse et inégalités pour des centaines de milliers de bacheliers chaque année.

Contrairement au locataire de l’Élysée qui se débat désormais dans ses propres décombres, la gauche a le mérite de tracer un chemin où la République se conjugue au social. Sans se contenter de néologismes. Dans un monde où il est devenu possible de tout dire, de travestir la réalité, la parole politique gagnerait à se reconnecter au réel. Dans ce moment de bascule, le camp du progrès ne peut compter que sur lui-même.

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