Circulez, il n’y a rien à voir et rien à dire. Enfermé dans sa tour
d’ivoire depuis le double camouflet qu’il a subi aux élections européenne et
législatives, Emmanuel Macron se complaît dans le pourrissement d’une situation
intenable, dans l’attente de jours meilleurs qui ne viendront pas.
Le locataire de l’Élysée ne dispose d’aucune carte à abattre. La seule
viable serait de respecter enfin le verdict des urnes. Le jeu du parlementarisme
devrait le conduire à appeler la gauche afin qu’elle forme un gouvernement issu
de ses rangs. Mais le chef de l’État, dont les horloges se sont arrêtées au
soir de la dissolution, fait comme si de rien n’était. À ses yeux, la porte de
sortie à la crise de régime se trouverait du côté des
« Républicains ». Le calcul est mauvais ; la clarification
idéologique de ce qu’est la Macronie, elle, est limpide : à droite toutes.
Ce qu’une bonne partie des électeurs ont pourtant sanctionné.
Yaël Braun-Pivet a vécu son heure
de gloire en faisant main basse sur le Perchoir grâce à Wauquiez et consorts. Mais
ce pacte n’a tenu que quelques heures : la présidente de l’Assemblée
nationale est une reine nue, isolée au sein de son propre bureau et dans
l’Hémicycle. Dès lors, le pari d’Emmanuel Macron d’un gouvernement
démissionnaire, intérimaire, qui pourrait tenir grâce aux LR, est lunaire et,
surtout, dangereux. La droite, sortie divisée et affaiblie de la séquence
électorale, jure qu’elle ne mettra pas un pied dans le futur exécutif. Retour à
la case départ, donc.
Les institutions sont figées dans une impasse politique mortifère. Après
des années de fragilisation du Parlement, ravalé au rang de chambre
d’enregistrement, la configuration issue du 8 juillet mérite davantage que
de sombres calculs. Car, chaque jour qui passe est du pain bénit pour l’extrême
droite, malgré son arrogance et ses sombres insuffisances à l’Assemblée :
erreur de bulletin de vote, désertion de l’Hémicycle avant des votes cruciaux.
Il n’empêche, le Rassemblement national sait tirer profit de chaque période
de crise pour se poser en victime mais aussi en alternative. Face à
ce paysage moribond, le Nouveau Front populaire ne peut rester sur la
défensive, et laisser sa crédibilité s’effilocher. La gauche unie doit
reprendre l’initiative. Il y a urgence.
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