mercredi 22 mai 2024

« Le cours de la vérité », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.

 


Les commentaires auxquels ont donné lieu les événements en Kanaky – Nouvelle-Calédonie marquent une nouvelle étape dans l’ère de la post-vérité en politique. À tel point que l’on peut affirmer que si la vérité était cotée en Bourse, son cours se serait effondré. Il ne s’agit pas d’affirmer que dans un monde complexe l’analyse d’une situation pourrait ne pas être teintée de subjectivité.

Au contraire, ce sont justement les regards, les opinions que l’on porte sur les faits qui permettent le débat contradictoire et l’exercice de la démocratie. Mais pour que cela soit possible, encore faut-il s’appuyer sur des faits.

Or, qu’elle est l’histoire que nous racontent la droite et l’extrême droite sous l’œil bienveillant de la Macronie ? Toujours la même : celle d’une gauche laxiste face à la violence. Celle d’une gauche hypocrite qui « fustige la préférence nationale », mais « défend la préférence kanak ». Et de s’inquiéter de ces « peuples européens menacés par une immigration massive » qui « n’ont pas le droit de défendre leur culture, leurs traditions », peut-on même lire sous la plume de chroniqueurs du Figaro, d’Europe 1 et bien sûr de CNews…

Les réacs de tout poil tirent un trait d’égalité entre immigration et colonisation. Comme si la France était en proie à une conquête par une puissance étrangère qui mettrait la main sur les richesses du pays et imposerait ses codes culturels et politiques.

La droite, l’extrême droite se moquent des faits, de la réalité de la situation en Kanaky – Nouvelle-Calédonie. Elles les utilisent, les déforment et abusent des raccourcis, des confusions et des sophismes pour rendre crédibles leurs propres récits imaginaires.

 Ces militants de la post-vérité, ces adeptes du bullshitting – l’art de « dire des foutaises » – affranchis de toutes exigences de raison, sapent les bases de tout réel débat politique et créent les conditions de l’escalade des tensions, des haines et des violences ; l’opposé de cette sécurité qu’ils ont en permanence à la bouche.

 

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