mardi 21 mai 2024

« Criminels », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



L’étau se resserre et ni Netanyahou ni ses indéfectibles soutiens ne peuvent plus feindre de l’ignorer. Le chef du gouvernement israélien se savait dans le viseur de la justice internationale, le couperet de La Haye est tombé ce lundi. Retenant les qualificatifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, le procureur général de la Cour pénale internationale a requis l’émission d’un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense Yoav Gallant et trois dirigeants du Hamas.

La déflagration politique est immense. En écornant l’impunité des dignitaires israéliens, en les mettant face à l’ampleur du chaos dont ils sont responsables dans la bande de Gaza, en les renvoyant dos à dos avec les chefs islamistes du Hamas, la justice internationale, malmenée ces dernières années, retrouve sa raison d’être et la CPI rappelle avec force sa mission : juger les criminels, protéger les civils.

« Décision scandaleuse »« déshonneur historique » de la CPI, sans surprise l’affaire a déclenché l’ire du chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, déterminé à « lutter contre cette décision qui vise avant tout à lier les mains de l’État d’Israël et à lui refuser le droit de se défendre ». L’argumentaire a fait long feu. Les gesticulations belliqueuses n’y changeront rien. Les faits sont là, documentés, l’ampleur du massacre dans l’enclave palestinienne, les plus de 35 500 morts, la faim, la destruction, la souffrance infinie des Gazaouis. Les faits sont là et ils doivent demeurer la seule boussole.

Fragilisé en interne, sous le coup d’un ultimatum de Benny Gantz, qui menace de quitter le cabinet de guerre israélien et de faire voler en éclats l’union nationale post-7 octobre, Benyamin Netanyahou est désormais, en personne, dans les radars de la justice internationale. Mais croire que cette affaire ne regarde qu’un homme et ses juges est une erreur. La requête de la CPI, quelle que soit, in fine, sa traduction effective, met chaque État face à ses responsabilités. Sanctions économiques et diplomatiques, embargo sur les ventes et les livraisons d’armes, reconnaissance de l’État de Palestine les leviers qui existent doivent être actionnés. Fermer les yeux n’est plus permis.

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