L’étau se resserre et ni Netanyahou ni ses indéfectibles soutiens ne
peuvent plus feindre de l’ignorer. Le chef du gouvernement israélien se savait
dans le viseur de la justice internationale, le couperet de La Haye est
tombé ce lundi. Retenant les qualificatifs de crimes de guerre et de crimes
contre l’humanité, le procureur général de la Cour pénale internationale a
requis l’émission d’un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou, son
ministre de la Défense Yoav Gallant et trois dirigeants du Hamas.
La déflagration politique est immense. En écornant l’impunité des
dignitaires israéliens, en les mettant face à l’ampleur du chaos dont ils sont
responsables dans la bande de Gaza, en les renvoyant dos à dos avec les chefs
islamistes du Hamas, la justice internationale, malmenée ces dernières années,
retrouve sa raison d’être et la CPI rappelle avec force sa mission : juger
les criminels, protéger les civils.
« Décision scandaleuse », « déshonneur
historique » de la CPI, sans surprise l’affaire a déclenché l’ire
du chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, déterminé à « lutter
contre cette décision qui vise avant tout à lier les mains de l’État d’Israël
et à lui refuser le droit de se défendre ». L’argumentaire a fait long
feu. Les gesticulations belliqueuses n’y changeront rien. Les faits sont là,
documentés, l’ampleur du massacre dans l’enclave palestinienne, les plus de
35 500 morts, la faim, la destruction, la souffrance infinie des Gazaouis.
Les faits sont là et ils doivent demeurer la seule boussole.
Fragilisé en interne, sous le coup d’un ultimatum de Benny Gantz, qui
menace de quitter le cabinet de guerre israélien et de faire voler en éclats
l’union nationale post-7 octobre, Benyamin Netanyahou est désormais, en
personne, dans les radars de la justice internationale. Mais croire que cette
affaire ne regarde qu’un homme et ses juges est une erreur. La requête de la
CPI, quelle que soit, in fine, sa traduction effective, met chaque État face à
ses responsabilités. Sanctions économiques et diplomatiques, embargo sur les
ventes et les livraisons d’armes, reconnaissance de l’État de Palestine les
leviers qui existent doivent être actionnés. Fermer les yeux n’est plus permis.
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