À deux mois des élections européennes, le pacte asile et migration soumis
au vote ce mercredi à Bruxelles a tout ce qu’il faut pour installer, d’ici là,
un climat politique délétère, pour ne pas dire franchement
« pourri ». Pour le président et tête de liste du Rassemblement
national, plus un mensonge est gros, plus il a de chances d’être
cru : « Le projet de la Commission européenne, c’est la
submersion de l’Europe et le remplacement d’une partie de la population
européenne par une population venue du Sud. » Et c’est avec de
telles imbécilités provocatrices que la liste qu’il conduit est évaluée
aujourd’hui à 30 % des intentions de vote.
Les conséquences des politiques sécuritaires aux frontières de l’Europe
telles que nous les évoquons dans nos pages sont pourtant dramatiques, autant
que des atteintes répétées, voire systématiques aux droits de l’homme.
Intimidations, répression, violence, criminalisation… les femmes, les hommes,
les enfants migrants sont traités, disons-le clairement, comme des
sous-humains.
Ce n’est pas un hasard ou une anecdote si l’on retrouve aujourd’hui
l’ancien directeur de Frontex en troisième position sur la liste du RN. Le
pacte asile et migration, c’est d’abord un renforcement des frontières, des
contrôles et des fichages alimentant depuis des décennies le sentiment que
l’autre est un danger, que l’autre est une menace, sauf quand on en a besoin à
la tâche. Travaille, tais-toi et tout ira bien, ou presque.
Les caricatures grotesques du Rassemblement national devraient en détourner
les esprits. Il n’en est rien. Le duo, on ne veut même pas dire le débat de
lundi sur CNews, entre la tête de liste de Renaissance Valérie Hayer et celle
de Reconquête, Marion Maréchal, l’illustre à l’envi. L’immigration va être le
panneau en trompe-l’œil posé devant les questions de pouvoir d’achat,
d’environnement, de santé, de restriction des droits des chômeurs… Il est du
devoir de toutes les forces progressistes et de gauche de ramener le débat
politique sur ces enjeux-là et lui redonner sa dignité et son sens pour le bien
commun.
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