La guerre qui ravage la bande de Gaza est à un tournant dramatique. Si rien
n’est fait pour arrêter le dessein meurtrier de Benyamin
Netanyahou, Rafah, qui
subit déjà un déluge de feu aérien, pourrait être le théâtre d’une tragédie de
grande ampleur. Les Palestiniens, acculés dans cette ville après avoir été
contraints de fuir le Nord en raison des frappes israéliennes, ne peuvent
quitter les lieux, comme l’ordonne le premier ministre.
Dans des conditions dramatiques, près de 1,3 million de
personnes s’entassent et survivent sur ce confetti qui a vu sa population quintupler
en quelques semaines. Où sont-elles sommées de partir ? Au nord, la ville
de Khan Younès est elle aussi soumise aux bombardements de l’armée. Au sud et à
l’est, Le Caire et les autorités israéliennes ont érigé des murs
infranchissables. À l’ouest, la fuite est inenvisageable par la mer
Méditerranée, interdite aux Palestiniens car soumise à un blocus maritime.
Cette langue de terre est devenue une odieuse souricière pour un peuple qui
n’a nulle part où aller. Le chef du gouvernement israélien le sait car il est
l’auteur de ce piège sordide. Mais qu’importe, à ses yeux, l’écrasement total
du Hamas passerait par cette impossible évacuation. Pire, l’objectif inavoué
d’une future opération terrestre à Rafah consisterait à refouler des centaines
de milliers de Palestiniens en terres égyptiennes, via le terminal par où
transite au compte-gouttes l’aide humanitaire. Les suprémacistes de l’exécutif
de Benyamin Netanyahou n’osaient espérer un tel trophée : une seconde
Nakba qui ne dirait pas son nom.
Les puissances mondiales doivent parler d’une voix claire et agir face au
« risque génocidaire » pointé par la Cour internationale de justice.
Avec plus de 28 000 morts, selon les chiffres avancés par le Hamas,
le bilan de la riposte israélienne aux massacres perpétrés par l’organisation
islamiste, le 7 octobre, dépasse l’entendement. La France doit
œuvrer avec conviction à un cessez-le-feu immédiat, condition d‘une
désescalade. Quant aux États-Unis, fidèle allié de Tel-Aviv et principal
fournisseur d’armes d’un conflit sanguinaire et asymétrique, il est temps
qu’ils revoient leur feuille de route, sauf à cautionner l’irréparable.
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