mercredi 14 février 2024

« Silence, on tue », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



On ne peut être dupe des accusations portées par Benyamin Netanyahou à l’encontre de l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée – depuis 1949 – des réfugiés palestiniens, avec ses 13 000 employés à Gaza. Il s’agit à la fois d’une diversion et d’un moyen d’imposer le silence aux témoins du massacre en cours, avec au moins 28 000 morts.

Cela au moment où l’armée israélienne entend concentrer, comme elle a commencé à le faire, ses bombardements et son offensive terrestre sur le sud de la bande de Gaza où 1,4 million de personnes sont prises au piège dans une zone qui n’en accueillait jusqu’alors que 250 000. La fuite en Égypte n’est pas en option. Et la mer les borne à l’ouest, tandis que leur remontée vers le nord et la ville même de Gaza détruite leur est quasiment impossible.

C’est une diversion orchestrée, face à une opinion mondiale qui s’interroge sur une « riposte disproportionnée », c’est un euphémisme, aux attentats du Hamas le 7 octobre. Une opinion qui s’interroge de plus en plus sur le nombre effarant de femmes et d’enfants victimes à la fois des bombes, de la faim, des maladies, des blessures qui ne peuvent être soignées dans ce qu‘il reste d’hôpitaux sans moyens. Gaza, cela a déjà été dit, est un enfer à ciel ouvert. C’est encore une diversion pour donner à penser au monde que les terroristes sont partout, y compris au sein d‘une organisation de l’ONU.

C’est un moyen d’imposer le silence. N’oublions pas les mots d’un haut responsable israélien dès le début de l’offensive : « Nous combattons des animaux. » Les buts de l’extrême droite israélienne dont Benyamin Netanyahou ne se dissocie pas sont de rayer les Palestiniens de la bande de Gaza, en écartant toute perspective de solution politique. La valise forcée – et comment ? – ou le cercueil.

Dans ces conditions, les seize États qui ont déjà décidé, sur la foi des accusations israéliennes, de mettre fin à leur contribution au financement de l’UNRWA sont coupables, il n’y a pas d’autre mot, de non-assistance à peuple en danger. La France n’a pas à les suivre. Elle a au contraire le devoir de s’opposer à cette entreprise de diversion qu’on ne peut dire autrement que criminelle.

 

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