« Nous continuerons à soutenir le
monde du logement social », a déclaré doctement le premier ministre, Gabriel Attal, lors de son
discours de politique générale. Habitués que nous sommes depuis sept ans à
déchiffrer le langage macroniste, il fallait s’attendre à ce que les annonces
aillent exactement en sens inverse. Bingo.
Il faut d’abord rappeler que, en guise de soutien, l’État ponctionne,
depuis 2018, 1,3 milliard d’euros par an au logement social pour arrondir ses
fins de mois. Une façon d’appliquer la célèbre maxime d’Alphonse
Allais : « Il faut prendre l’argent là où il se trouve :
chez les pauvres. D’accord, ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si
nombreux ! »
Creusant ce sillon, le chef du gouvernement a décidé de porter un coup
brutal à la loi SRU, pilier du développement du logement social en France. En
choisissant d’inclure dans son calcul les logements intermédiaires, il permet
aux maires récalcitrants (très majoritairement de droite) de contourner la loi
et d’échapper aux pénalités qui jusqu’alors avaient au moins le mérite de
participer à la solidarité nationale.
Le premier ministre s’attaque à une loi qui a permis de construire des
millions de logements accessibles à tous alors que le nombre de demandeurs
(2,5 millions) n’a jamais été aussi élevé. En laissant la main aux
maires pour choisir les premières attributions dans leur ville, il fait un
second cadeau aux militants de l’entre-soi, qui auront tout loisir de refuser
l’arrivée d’habitants d’autres communes. Quand certaines villes populaires
détruisent des logements dans le cadre de la rénovation urbaine, celles plus
huppées pourront refuser d’accueillir les habitants délogés.
Peu importe pour le gouvernement, qui aura réussi son double
objectif : cajoler les maires de droite en espérant leur soutien et
consacrer la ségrégation sociale. Chacun a pu comprendre avec l’épisode
Oudéa-Castéra que le séparatisme n’est pas seulement un dommage collatéral du
marché immobilier, mais bien un véritable projet politique.
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