Procrastination. Tout le monde sait ce que c’est, même – ce qui peut
arriver – sans connaître le mot. Pourquoi ne pas remettre au lendemain, voire
au jour suivant, ce qu’on ne veut pas faire le jour même ? Voilà des jours
que des ministères fonctionnent, comme les canards, qui, la tête tranchée,
continuent de courir, sans trop savoir dans quelle direction, hormis celle qui
leur a été donnée, dans leur vie antérieure, par un président et une première
ministre ventriloques.
Ce temps de latence n’est pas une affaire de psychologie, dont le
philosophe Georges Politzer disait « qu’elle ne détient nullement
le secret des faits humains pour la bonne raison que ce secret n’est pas
d’ordre psychologique ». Non, le secret ici est politique.
L’arrivée à Matignon de Gabriel Attal ne peut faire illusion. Avec tout son
allant, le vibrionnant premier ministre voulu par Emmanuel Macron ne peut
résoudre la quadrature du cercle du second quinquennat, l’absence de majorité à
l’Assemblée.
Il a eu beau assurer, lors du bref débat sur la motion de censure de la
gauche rejetée sans surprise, que sa porte était ouverte et qu’il respecterait
toujours le Parlement et le débat d’idées, on sait qu’il n’en sera rien, et ce
n’est pas une simple anecdote si un député du Rassemblement national a pu lui
lancer sans retenue : « Avec vous à Matignon, nos victoires
idéologiques s’accélèrent. »
À la course des canards dans les ministères s’ajoute la course à l’échalote
avec la droite et l’extrême droite. Emmanuel Macron et son premier ministre
peuvent venir sur leur terrain, que ce soit en matière sociale, sociétale, sur
l’école, sur l’immigration, c’est sans leur soutien. Braqués par l’opération
Rachida Dati et attachés de toute manière à leur propre existence, « Les
Républicains », s’ils peuvent ici ou là trouver des petits arrangements,
ne lâcheront rien sur le fond.
Conforté dans ses positions, le Rassemblement national a toutes les
raisons de pousser le numéro de duettiste qui lui a jusqu’alors réussi. La
formation attendue du gouvernement au complet ne peut, dans ces conditions,
relever d’autre chose que des combines politiciennes avec, à la manœuvre, un
président sans majorité, sans autre cap que la droite et, quoi qu’en dise son
premier ministre, dans un exercice autoritaire du pouvoir.
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