Ils étaient cent, ils étaient mille, des pensées rouges sous leurs casques
noirs. Nous étions cent, nous étions cent mille, des cris de paix, de justice,
dans nos bouches ardentes. Ils étaient cent, ils étaient mille, des taches
rouges sur leurs bâtons noirs. Nous étions cent, nous étions cent mille. Des
cris de douleur, de colère, dans nos bouches sanglantes. Dis-le tout bas
camarade, dis le bien haut. Hyppolyte est mort, Raymond est mort, Édouard est
mort, Jean-Pierre est mort et Daniel qui n’avait pas seize ans est mort aussi.
Dis-le tout bas camarade, dis le bien haut. Suzanne est morte, Fanny est morte
et Anne qui n’avait pas 24 ans est morte aussi. Maurice est mort longtemps
après. Aïd, lui, n’arrive pas à mourir. Dis-le tout bas, dis-le bien haut camarade.
Ils étaient cent, ils étaient mille. Haineux, casqués, haineux bottés, haineux
armés. Ils étaient cent, ils étaient mille. Gardes du Prince, déchaînés. Nous
étions cent, nous étions cent mille à manifester, cent mille et onze martyrs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire