Un salon à hauts risques. La formule est devenue le mantra des syndicats
agricoles majoritaires, FNSEA et Jeunes Agriculteurs en tête. L’objectif est
clair : maintenir la pression sur l’exécutif et faire de cette 60e édition
du Salon de l’agriculture – et de son hypermédiatisation – le nouveau tremplin
de leurs revendications.
Emmanuel Macron doit s’y rendre samedi. Il y est attendu de pied ferme par
une profession en souffrance. Depuis plus d’un mois, les paysans ont multiplié
les manifestations, blocages, actions coups de poing. Certes, les tracteurs ont
désormais, majoritairement, déserté le macadam, mais « la colère
est toujours là », assure le patron de la puissante FNSEA.
L’opération de désamorçage, enclenchée par Matignon pour sécuriser la venue
du président sur le Salon, est manifestement un échec. Le premier ministre n’a
pourtant pas lésiné sur le plan de communication. Quatre salves de mesures ont
été annoncées depuis le début de la crise.
Dont la dernière, il y a deux jours à peine. Gabriel Attal s’affiche aux
côtés des agriculteurs, il est surtout à côté de la plaque. Le monde agricole
ne se contentera jamais de mesurettes sur l’accélération du versement des
aides, de simplifications administratives, de quelques ristournes ou d’une
énième commission parlementaire chargée de ripoliner la loi Egalim.
Les exploitants veulent vivre de leur travail, dignement. La question du
revenu est centrale. Celle de la concurrence déloyale, que subissent les
agriculteurs français et que chaque traité de libre-échange signé à Bruxelles
aggrave un peu plus, l’est aussi. Elles ne sont pourtant jamais prises en
compte par un exécutif qui a fait, sur ce dossier brûlant, de la FNSEA et des
Jeunes Agriculteurs, ses interlocuteurs uniques.
Pire encore, Gabriel Attal enchaîne les reculs sur les normes
environnementales pour contenter les syndicats majoritaires. En mettant en
pause le plan Écophyto, en privilégiant en matière d’usage des pesticides les
normes européennes moins-disantes, le gouvernement a choisi une stratégie
mortifère. Le cercle vicieux de l’empoisonnement de la terre et de ceux qui la
cultivent.
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