vendredi 23 février 2024

« Cercle vicieux », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Un salon à hauts risques. La formule est devenue le mantra des syndicats agricoles majoritaires, FNSEA et Jeunes Agriculteurs en tête. L’objectif est clair : maintenir la pression sur l’exécutif et faire de cette 60e édition du Salon de l’agriculture – et de son hypermédiatisation – le nouveau tremplin de leurs revendications.

Emmanuel Macron doit s’y rendre samedi. Il y est attendu de pied ferme par une profession en souffrance. Depuis plus d’un mois, les paysans ont multiplié les manifestations, blocages, actions coups de poing. Certes, les tracteurs ont désormais, majoritairement, déserté le macadam, mais « la colère est toujours là », assure le patron de la puissante FNSEA.

L’opération de désamorçage, enclenchée par Matignon pour sécuriser la venue du président sur le Salon, est manifestement un échec. Le premier ministre n’a pourtant pas lésiné sur le plan de communication. Quatre salves de mesures ont été annoncées depuis le début de la crise.

Dont la dernière, il y a deux jours à peine. Gabriel Attal s’affiche aux côtés des agriculteurs, il est surtout à côté de la plaque. Le monde agricole ne se contentera jamais de mesurettes sur l’accélération du versement des aides, de simplifications administratives, de quelques ristournes ou d’une énième commission parlementaire chargée de ripoliner la loi Egalim.

Les exploitants veulent vivre de leur travail, dignement. La question du revenu est centrale. Celle de la concurrence déloyale, que subissent les agriculteurs français et que chaque traité de libre-échange signé à Bruxelles aggrave un peu plus, l’est aussi. Elles ne sont pourtant jamais prises en compte par un exécutif qui a fait, sur ce dossier brûlant, de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, ses interlocuteurs uniques.

Pire encore, Gabriel Attal enchaîne les reculs sur les normes environnementales pour contenter les syndicats majoritaires. En mettant en pause le plan Écophyto, en privilégiant en matière d’usage des pesticides les normes européennes moins-disantes, le gouvernement a choisi une stratégie mortifère. Le cercle vicieux de l’empoisonnement de la terre et de ceux qui la cultivent.

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