Dans les dernières heures de la campagne
électorale taïwanaise, nombreux sont ceux qui ont espéré susciter un
dernier réflexe de terreur autour d’une invasion chinoise afin d’influencer les
votes. Les cris d’orfraie l’ont ainsi disputé aux rumeurs, dessinant les
contours d’une troisième guerre aussi mondiale qu’imminente. En de nombreux
points du globe, les conflits et leur cortège de misère plongent déjà les
peuples dans des lendemains assez sombres pour ne pas jeter davantage d’huile
sur le feu.
Washington, prompt à dénoncer les exercices militaires chinois, crée toutes
les conditions de l’embrasement à grand renfort de bâtiments militaires au nom
de la liberté de naviguer sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées.
Quel pays ne considérerait pas sa sécurité menacée quand l’armée la plus
puissante au monde a patiemment construit une chaîne de plus de 310 bases
aériennes et ports militaires pour l’encercler ?
Nul ne peut prédire l’issue d’un hypothétique conflit mais tout le monde
sait déjà qu’il aurait des répercussions plus dramatiques encore pour les
populations que la crise du Covid et la guerre en Ukraine. Bloomberg a sorti la
calculatrice et en évalue le coût à 10 000 milliards de
dollars pour l’économie mondiale. Le principe d’une seule Chine, qui
prévaut à l’ONU, et donc le statu quo, est le seul à avoir préservé la paix. De
l’autre côté du détroit, Pékin fait de Taïwan la dernière
humiliation à laver après le retour de Hong Kong et Macao dans
son giron.
Sous la houlette des nationalistes, Taipei a joué le parallèle avec Kiev
pour multiplier les contrats d’armement et assumer le rôle de poste avancé dans
la rivalité sino-américaine. Occupé par le conflit en Ukraine, qu’il ne
parvient plus à financer, et la guerre contre Gaza, le président Joe Biden n’a
cessé d’affirmer que l’endiguement de la Chine figurait parmi ses priorités
stratégiques.
Tous les moyens de coercition – y compris économiques – ont été déployés
pour freiner la montée en puissance de Pékin. Empêtrés dans plusieurs défis de
sécurité majeurs, les États-Unis devraient faire preuve de sagesse. C’est
également le cas de Taïwan et de la Chine, qui ont plus à perdre qu’à gagner
d’un conflit ouvert.
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