lundi 11 décembre 2023

« Infâme », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Le projet de loi immigration arrive donc à l’Assemblée nationale, après son passage au Sénat où la majorité LR s’est chargée d’en aggraver les aspects les plus abjects, au mépris des valeurs républicaines que ses élus prétendent incarner. Le texte transpire la xénophobie.

Son instigateur, Gérald Darmanin, qui espère faire de son adoption un trophée de chasse pour la présidentielle de 2027, en assure la promotion à grands coups de pression sur la droite et de communication fracassante, en insistant sur le profil de « 4 000 étrangers délinquants » expulsables illico presto « si la loi était adoptée ». Procédé infâme, mais révélateur de la surenchère raciste à l’œuvre. La question de l’immigration vire à l’obsession.

Juguler les flux migratoires, durcir les conditions d’accueil et d’enfermement, revoir le droit d’asile, exploiter sans entrave les travailleurs sans papiers… l’affaire est entendue pour certains dirigeants, qui voient dans les migrants l’origine des maux qui accablent la France. Boucs émissaires parfaits pour justifier l’inefficacité de leur politique. Du déjà-vu.

À l’aube des années 1980, au nom de la rigueur et du virage néolibéral, les immigrés ont commencé à payer le prix fort de la crise. Une décennie plus tard, le droit du sol hérité de la Révolution a été détricoté, instaurant l’insidieuse idée que les citoyens ne sont pas tous égaux en raison de leurs origines. Avec Sarkozy, le migrant rime avec délinquant. L’amalgame est insupportable, mais qu’importe, s’il rapporte des voix.

Jusqu’alors, seul le Rassemblement national faisait de l’immigration l’alpha et l’oméga de sa propagande. La droite et la Macronie lui emboîtent le pas. Le discours frontiste est normalisé sous les effets conjugués des crises, du sentiment d’abandon et de déclassement d’une partie de la population déboussolée face à un monde incertain. Hier coupable du chômage, le migrant est désormais la cause du prétendu choc civilisationnel.

Les dirigeants LR et la minorité présidentielle s’engouffrent dans ce raisonnement aussi stéréotypé que néfaste. Les ambitions élyséennes de Gérald Darmanin et de bien d’autres se mesurent à des postures et des propos que ne renie pas le RN. Tout ce beau monde est convaincu que la présidentielle de 2027 se gagnera à l’extrême droite de l’échiquier, sauf qu’à ce jeu-là, les frontistes sont, malheureusement, bien meilleurs.

Haut du formulaire

Bas du formulaire

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

« Que les armes se taisent », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité.

Le 7 octobre 2023 est un choc qui marquera pour longtemps la société israélienne. L’attaque terroriste du Hamas, qui fit plus de 1 200 vic...