Le projet de loi immigration arrive donc à l’Assemblée nationale, après son
passage au Sénat où la majorité LR s’est chargée d’en aggraver les aspects les
plus abjects, au mépris des valeurs républicaines que ses élus prétendent
incarner. Le texte transpire la xénophobie.
Son instigateur, Gérald Darmanin, qui espère faire de son adoption un
trophée de chasse pour la présidentielle de 2027, en assure la promotion à
grands coups de pression sur la droite et de communication fracassante, en
insistant sur le profil de « 4 000 étrangers
délinquants » expulsables illico presto « si la loi était
adoptée ». Procédé infâme, mais révélateur de la surenchère raciste à
l’œuvre. La question de l’immigration vire à l’obsession.
Juguler les flux migratoires, durcir les conditions d’accueil et
d’enfermement, revoir le droit d’asile, exploiter sans entrave les travailleurs
sans papiers… l’affaire est entendue pour certains dirigeants, qui voient dans
les migrants l’origine des maux qui accablent la France. Boucs émissaires
parfaits pour justifier l’inefficacité de leur politique. Du déjà-vu.
À l’aube des années 1980, au nom de la rigueur et du virage néolibéral, les
immigrés ont commencé à payer le prix fort de la crise. Une décennie plus tard,
le droit du sol hérité de la Révolution a été détricoté, instaurant
l’insidieuse idée que les citoyens ne sont pas tous égaux en raison de leurs
origines. Avec Sarkozy, le migrant rime avec délinquant. L’amalgame est insupportable,
mais qu’importe, s’il rapporte des voix.
Jusqu’alors, seul le Rassemblement national faisait de l’immigration
l’alpha et l’oméga de sa propagande. La droite et la Macronie lui emboîtent le
pas. Le discours frontiste est normalisé sous les effets conjugués des crises,
du sentiment d’abandon et de déclassement d’une partie de la population
déboussolée face à un monde incertain. Hier coupable du chômage, le migrant est
désormais la cause du prétendu choc civilisationnel.
Les dirigeants LR et la minorité présidentielle s’engouffrent dans ce
raisonnement aussi stéréotypé que néfaste. Les ambitions élyséennes de Gérald
Darmanin et de bien d’autres se mesurent à des postures et des propos que ne
renie pas le RN. Tout ce beau monde est convaincu que la présidentielle de 2027
se gagnera à l’extrême droite de l’échiquier, sauf qu’à ce jeu-là, les
frontistes sont, malheureusement, bien meilleurs.
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