« Oh ça va, c’est
Gérard ! » Combien de
fois cette phrase a-t-elle été jetée aux femmes agressées, humiliées, sommées
de sourire et de se taire ? Comme si être le
« monstre sacré » du cinéma français offrait un passeport d’impunité ou
conférait un droit à l’obscénité. Mais les femmes ont parlé. Avec beaucoup de
courage. Par dizaines. Certaines ont porté plainte. D’autres se sont exprimées
dans les médias. Les journalistes ont enquêté, le voile a été levé. Et puis, on
pouvait espérer que #MeToo avait – un peu – changé les
choses. Que cette
révolution, bien que fragile, avait éveillé notre société à l’ampleur et aux
mécanismes des violences faites aux femmes, restées des corps à disposition.
Le débat suscité par la diffusion du Complément d’enquête sur Gérard Depardieu démontre qu’il n’en est rien. La tribune
affligeante de « soutien » à la star, qui tient du réflexe de
classe : « pas touche aux puissants », cumule tous les clichés
masculinistes. Pauvre Gégé national, victime de « lynchage »… Accuser les victimes d’être les
bourreaux pour mieux les faire taire est un classique du genre. Le même refrain
a été chanté en boucle lors de l’affaire DSK : « Je le connais bien, il n’a pas
besoin de ça, il a toutes les femmes à ses pieds »… Oui, les hommes de notre entourage, si
doués ou si charmants en apparence soient-ils, peuvent être des agresseurs. 9
victimes sur 10 connaissent leurs violeurs. Un viol sur deux est commis par un
conjoint ou ex-conjoint.
Cette ligne de défense du comédien contient exactement les mêmes arguties
que lors du retour de bâton post-MeToo. Et ce n’est pas un hasard si la presse
française réactionnaire s’en est emparée. C’est dans le Figaro que Gérard Depardieu s’est
exprimé, avant sa famille dans le JDD. Quant à la tribune, elle a été initiée par Yannis Ezziadi, acteur et
éditorialiste pour le magazine Causeur. Que l’extrême droite organise et relaie, via l’empire Bolloré, ce torrent de boue réactionnaire n’est
pas surprenant. Qu’un président de la République qui avait prétendu faire de la
lutte contre les violences faites aux femmes « la grande cause » de son quinquennat explique que
Depardieu « rend
fier la France » et
regrette une « chasse
à l’homme » est
plus inquiétant. Comme un lendemain féministe qui déchante. « Debout les femmes », le combat sera encore long !
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