Il fallait avoir le cœur bien accroché. Des dirigeants du Rassemblement
national ont donc marché tête haute dans une manifestation contre
l’antisémitisme, déversant leur venin raciste à chaque micro tendu. Écœurement
et colère de voir se pavaner les Le Pen et consorts dans les rues parisiennes.
Tristesse et inquiétude de lire Serge Klarsfeld, qui a tant œuvré pour la
mémoire de la Shoah et la condamnation des crimes nazis, se « réjouir » que le RN participe à cette
marche, lui offrant une caution morale inespérée.
Qu’est-il arrivé à notre pays pour qu’Éric Zemmour, qui a affirmé que
Pétain avait « sauvé » des juifs, se sente autorisé à
défiler tranquillement ? Que les autoproclamés défenseurs de la République
justifient cette présence en affirmant « qu’il ne faut pas faire de
politique » pour lutter
contre l’antisémitisme ? Bêtise inouïe. Comment être dupes de cette
supercherie immonde, de cette obscène instrumentalisation ?
Ce 12 novembre marquera une étape décisive de la
« normalisation » de l’extrême droite. Qui peut croire que le parti
de Marine Le Pen, fondé par des anciens SS, et dont l’ex-président a été
condamné à plusieurs reprises pour avoir qualifié les chambres à gaz de « détail de
l’histoire », n’est plus
antisémite ? Le jeune président du RN, Jordan Bardella, n’a-t-il pas
déclaré, malgré la triste évidence : « Je ne crois pas que Jean-Marie
Le Pen était antisémite. »
Marine Le Pen, diablement plus fine, se garde bien d’étaler publiquement
l’antisémitisme auquel elle a été biberonnée et tente de faire oublier ses
amitiés avec des néonazis notoires. Dans sa haine des Arabes et des
musulmans, le RN a trouvé un allié de poids dans le gouvernement d’extrême
droite israélien. Ce dernier prône, comme le parti de Le Pen, le poison d’une
prétendue « guerre des civilisations » et commet des crimes de guerre
à l’encontre du peuple palestinien qu’aucun dirigeant d’extrême droite n’a
dénoncés.
« Quand vous entendez dire du mal
des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous », écrivait le penseur anticolonialiste
Frantz Fanon. Le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie procèdent des mêmes
ressorts. On ne peut pas défiler contre l’antisémitisme et refuser l’égalité
fondamentale de chaque être humain. Quiconque estime qu’une vie vaut moins
qu’une autre nourrit ces haines meurtrières.
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