Mon point de vue, après ce dimanche 12 novembre !

Si la manifestation d’hier, lancée à l’initiative de la présidente de l’Assemblée nationale et du président du Sénat se voulait apolitique et citoyenne, elle aura, à n’en pas douter, des conséquences politiques qui laisseront des traces profondes.

S’il est un enseignement à tirer, c’est que pour le Rassemblement national, il y aura un avant et un après. « Un plafond de verre a explosé » s’alarmait dimanche soir l’historien Grégoire KAUFFMANN. La relégation du parti d’extrême droite à la fin du cortège serait se rassurer à bon compte. Le parti lepéniste vient de franchir une nouvelle étape dans son processus de « dédiabolisation » » et de « normalisation ».

C’est Yaël BRAUN-PIVET qui déclare, en fin de manifestation « Aujourd’hui, nous avons montré la plus belle image de la France, quels que soient nos partis politiques ». Pierre Moscovici nous dit tout haut que « Marine Le Pen n’est pas antisémite ». « Je n’ai aucun problème à ce que Marine Le Pen vienne dans une manifestation qui dit que nous ne voulons pas d’une France antisémite » appuie Édouard Philippe, poursuivant « il y a quelques années  le Front national était contre l’Europe, l’euro, l’avortement. Ils ont changé sur tous ces sujets. S’ils changent sur l’antisémitisme, ça me va très bien ».

L’inquiétude se mêle à la nausée. À la transgression du père, la fille a substitué la dissimulation. Pour s’emparer d’un pouvoir qui s’est toujours dérobé, elle avance masquée. Elle se glisse dans l’uniforme républicain en poliçant son discours et en occultant sa violence xénophobe. Cette habileté de faussaire s’exprime depuis le 7 octobre. En prenant la défense de l’État hébreu et des juifs, la présidente du parti d’extrême droite tente d’effacer les pires saillies antisémites de son paternel. Un brevet de républicanisme ? À Gaza comme à Paris, sa doctrine implicite reste celle du prétendu choc des civilisations entre l’occident judéo-chrétien et l’Islam. Dans sa haine des arabes et des musulmans, le RN a trouvé un allié de poids avec le gouvernement d’extrême droite israélien.

Joël MERGUI, président du Consistoire israélite de Paris disait « ne pas avoir vu les instances musulmanes massivement appeler à cette manifestation ». Cela vaut la peine de s’y arrêter. Pour ce faire, il convient de revenir un instant sur l’appel de Yaël BRAUN-PIVET et de Gérard LARCHER. On peut y lire : « Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme (…) Nous appelons dimanche à une marche contre l’antisémitisme ». Pour les auteurs l’antisémitisme ne serait donc que le fait des islamistes. Pourtant, il aurait été déterminant de nommer clairement le racisme anti-musulman. Ce mot n’a –t – il pas été employé pour ne pas fâcher le RN ? Une marche contre l’antisémitisme sans un mot sur l’islamophobie n’est pas de nature à rassembler bien plus largement. Serai-je le seul à avoir observé une faible présence des jeunes à cette marche ?

Derrière une banderole où nous pouvions lire : « Contre l’antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme communistes, socialistes et écologistes se sont ainsi distingués des héritiers du fascisme et en se faisant porteurs des vraies valeurs de la République.

Après ce dimanche 12 novembre je souhaite que mon parti, le PCF prenne l’initiative de lancer un appel aux citoyen·nes, aux associatifs, aux syndicalistes, aux socialistes, écologistes et insoumis, à toutes les forces de progrès pour une  manifestation unitaire : « Contre l’antisémitisme, l’islamophobie, pour le cessez-le-feu et la libération des otages.