mercredi 8 novembre 2023

« Inaudible ONU ? », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Balafrée par les bombes, investie par les tanks, maculée de sang et de souffrance, la bande de Gaza est devenue « un cimetière pour enfants ». Antonio Guterres ne mâche pas ses mots, ni ne ménage ses efforts pour obtenir un « cessez-le-feu humanitaire urgent » dans l’enclave palestinienne. L’injonction du secrétaire général des Nations unies ne souffre aucune mésinterprétation : « Les parties au conflit et la communauté internationale sont confrontées à une responsabilité immédiate et fondamentale. Mettez fin à ces souffrances collectives inhumaines et développez considérablement l’aide humanitaire. »

La contre-attaque sanglante engagée par le gouvernement israélien en réaction aux « actes de terreur odieux perpétrés par le Hamas le 7 octobre », expliquait encore Antonio Guterres, a ouvert un sombre chapitre de notre histoire moderne. Aux 1 500 victimes israéliennes s’ajoutent désormais plus de 10 000 morts, dont 4 000 enfants dans la bande de Gaza, selon le Hamas. Pourtant, face à l’ampleur du drame, force est de constater que le vieil ordre du monde, édifié sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale, a perdu de son lustre. Jamais l’ONU n’avait vu 89 de ses collaborateurs directs fauchés par la guerre en à peine quelques semaines. Rarement son secrétaire général s’était à ce point impliqué pour que se taisent les armes.

« La voie à suivre est claire : cessez-le-feu humanitaire. Respect du droit international humanitaire. Libération inconditionnelle des otages. Protection des civils, des hôpitaux, des installations des Nations unies, des abris et des écoles. » Antonio Guterres le répète. Il prêche dans le désert. Pire, il est une cible des promoteurs de guerre. « Dans quel monde vivez-vous ? » lui a rétorqué en toute morgue Eli Cohen, ministre israélien des Affaires étrangères, assis à la table du Conseil de sécurité. Mais l’ONU ne désarme pas. Volker Türk, haut-commissaire de l’organisation aux droits de l’homme, vient d’entamer une visite de cinq jours dans la région. Après « un mois complet de carnage, de souffrances incessantes, d’effusions de sang, de destructions, d’indignations et de désespoir », a-t-il déclaré, il sait probablement sa tâche immense. Car, lorsque le fracas de la guerre couvre la voix des Nations unies, le chemin de la paix n’est pas plus large qu’un trou de souris.

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