Balafrée par les bombes, investie par les tanks, maculée de sang et de
souffrance, la bande de Gaza est devenue « un cimetière pour
enfants ». Antonio Guterres ne mâche pas ses mots, ni ne ménage ses
efforts pour obtenir un « cessez-le-feu humanitaire
urgent » dans l’enclave palestinienne. L’injonction du secrétaire
général des Nations unies ne souffre aucune mésinterprétation : « Les
parties au conflit et la communauté internationale sont confrontées à une
responsabilité immédiate et fondamentale. Mettez fin à ces souffrances
collectives inhumaines et développez considérablement l’aide
humanitaire. »
La contre-attaque sanglante engagée par le gouvernement israélien en réaction
aux « actes de terreur odieux perpétrés par le Hamas le
7 octobre », expliquait encore Antonio Guterres, a
ouvert un sombre chapitre de notre histoire moderne. Aux 1 500 victimes
israéliennes s’ajoutent désormais plus de 10 000 morts, dont 4 000
enfants dans la bande de Gaza, selon le Hamas. Pourtant, face à l’ampleur du
drame, force est de constater que le vieil ordre du monde, édifié sur les
décombres de la Seconde Guerre mondiale, a perdu de son lustre. Jamais l’ONU
n’avait vu 89 de ses collaborateurs directs fauchés par la guerre en à peine
quelques semaines. Rarement son secrétaire général s’était à ce point impliqué
pour que se taisent les armes.
« La voie à suivre est
claire : cessez-le-feu humanitaire. Respect du droit international
humanitaire. Libération inconditionnelle des otages. Protection des civils, des
hôpitaux, des installations des Nations unies, des abris et des écoles. » Antonio Guterres le répète. Il
prêche dans le désert. Pire, il est une cible des promoteurs de
guerre. « Dans quel monde vivez-vous ? » lui a
rétorqué en toute morgue Eli Cohen, ministre israélien des Affaires étrangères,
assis à la table du Conseil de sécurité. Mais l’ONU ne désarme pas. Volker
Türk, haut-commissaire de l’organisation aux droits de l’homme, vient d’entamer
une visite de cinq jours dans la région. Après « un mois complet
de carnage, de souffrances incessantes, d’effusions de sang, de destructions,
d’indignations et de désespoir », a-t-il déclaré, il sait probablement
sa tâche immense. Car, lorsque le fracas de la guerre couvre la voix des
Nations unies, le chemin de la paix n’est pas plus large qu’un trou de souris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire