Une véritable démonstration de cynisme. En votant la suppression
de l’aide médicale d’État (AME), la droite sénatoriale, épaulée par l’extrême
droite et le silence d’un gouvernement divisé sur la question, a prouvé une
nouvelle fois que, chez eux, le bien commun et la rationalité passent après
l’opportunisme politique. De fait, adoptée par 200 voix contre 136 dans le
cadre du débat sur le projet de loi immigration, cette mesure ne s’appuie sur
aucun argument crédible. Au contraire. Des milliers de praticiens, jusqu’au
prix Nobel de médecine, rappellent les risques de restreindre l’accès à ce
dispositif réservé aux sans-papiers malades. Des alertes que la droite a
balayées d’un revers de main, préférant surfer, comme le RN, sur la figure
fantasmée de « l’immigré profiteur », dont les deux
formations ont fait leur marchepied électoral.
Le dossier de l’AME symbolise les errements du débat
sur l’immigration, hystérisé et manipulé. Trop chère cette aide ? Le
milliard annuel représente 0,5 % des dépenses de santé en France. La
fraude ? D’après l’IGAS, elle pèse à peine 1 % de ces
0,5 %. « L’appel d’air » suscité par
l’AME ? Une farce. Le non-recours aux soins prédomine chez les
sans-papiers dont la grande majorité, selon les associations, ignorerait même
l’existence de cette aide. La droite est dans un mépris des réalités. Mépris
qui place toute la population en danger. La crise du Covid l’a montré : la
santé de quelques-uns nous concerne tous. Les virus n’ont pas de frontières.
Réduire l’aide médicale aux cas les plus graves, comme le veulent la majorité
sénatoriale et le ministre de l’Intérieur, retardera les prises en charge de
pathologies, parfois infectieuses comme la tuberculose, multipliera les
contagions. Et, au final, dégradera l’état de santé de patients dont les soins
coûteront plus cher à la collectivité. Un non-sens complet. Sanitaire,
économique et tout simplement humain.
Créée en 2000 par la gauche, l’AME reste l’honneur de
notre pays. Au-delà des considérations de santé publique, elle dit beaucoup de
la valeur universelle accordée aux vies humaines. Notre démocratie peut encore
se targuer de ne pas faire de hiérarchie entre les existences, celles qu’il
faut sauver et les autres qu’on peut délaisser parce qu’étrangères. Espérons
que les parlementaires de l’Assemblée nationale, où le texte viendra en débat début
décembre, sauront rappeler ces évidences à une droite en pleine surenchère
xénophobe.
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