L’Univers fait rêver. L’espace c’est déjà une autre
affaire. Il y a quelques décennies Jacques Lacan, en psychanalyste provocateur,
avait vexé des scientifiques qui lui parlaient de la conquête du
cosmos : « C’est une notion métaphysique. Vous êtes dans la
banlieue de la Terre. » Et elle ressemble de plus en plus aux
banlieues ordinaires. Satellites au rebut, morceaux de fusées, décharges
sauvages. Ce n’est pas fini. Les pays membres de l’Agence spatiale européenne viennent
difficilement de se mettre d’accord pour prolonger de quelques années la vie de
la fusée Ariane 6. Ça ressemble à une bonne nouvelle. Privée de lanceurs
l’Europe était contrainte de faire appel à SpaceX, la société d’Elon Musk, pour
envoyer ses satellites en orbite. Sauf que le sursis accordé à Ariane et qui ne
tient qu’à un fil est assorti d’une contrepartie. L’ouverture du marché des
lanceurs à la concurrence. L’espace est à vendre. On va y retrouver les
enseignes des ronds-points à côté des poubelles. Les États-Unis veulent aussi
privatiser la Lune. D’ici on verra bien les pubs d’Elon Musk.
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