L’offensive contre la bande de Gaza a beau être entrée dans une nouvelle
phase, à la faveur de l’invasion terrestre lancée le 27 octobre, le flou
demeure quant aux buts de guerre israéliens. D’évidence, Tel-Aviv a revu ses
calculs. Le ministre israélien de la Défense confirme que le pays s’engage dans
une « guerre longue ». Avec quelle finalité ?
Délivrer les 229 otages retenus dans l’enclave palestinienne ? Quant
à l’objectif incertain d’anéantissement du Hamas et de son contrôle sur la
bande de Gaza, il reste lourd de menaces pour l’ensemble de la région.
En trois semaines, les opérations auraient déjà entraîné la mort de 8 000
civils, selon le ministère gazaoui de la Santé. S’agit-il réellement
d’éradiquer le Hamas quand l’armée israélienne multiplie les incursions
meurtrières en Cisjordanie et ferme les yeux sur les exactions des
colons ? Ces opérations visent des civils déjà soumis à l’occupation et
jettent au contraire ces territoires dans les bras de l’organisation islamiste,
tout en continuant d’affaiblir et de marginaliser l’Autorité palestinienne de
Mahmoud Abbas.
En visite à Tel-Aviv au lendemain des massacres du 7 octobre, Joe
Biden a mis en garde contre toute velléité de vengeance aveugle et rappelé à
ses alliés que son pays, « consumé par la rage » après
les attentats du 11 Septembre, s’était enlisé en Irak, laissant derrière lui
des centaines de milliers de morts et une région profondément déstabilisée
faute de plan pour l’après. Peut-il d’ailleurs y avoir un après, hors du champ
de ruines, quand Benyamin Netanyahou refuse d’évoquer la perspective d’un État
palestinien ? L’impact – déjà lourd – de cette guerre se fait sentir sur
la totalité du globe. En atteste la prise d’assaut, dimanche, d’un aéroport du
Daguestan à l’arrivée d’un avion en provenance d’Israël, qui rappelle les pires
pogroms antisémites. La tentation du premier ministre israélien d’utiliser une
guerre sans fin à Gaza pour assurer sa survie politique plonge le monde dans
l’abîme. Il assure se battre pour la démocratie, il ne promet que
l’obscurantisme et le sang.
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