« L’ogre et la presse », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.

L’indignation n’a pas fait long feu. Voilà le JDD nouvelle formule d’extrême droite bien installé dans le paysage médiatique français. Les publicités y fleurissent et la fine fleur de la réaction peut y vomir sa bile aux côtés de figures « respectables » de la vie politique. Circulez ! Il n’y a plus rien à voir. Vous vous étonnez du silence qui règne, y compris dans les autres médias, depuis cette prise de guerre estivale ? Les journalistes qui ont quitté le groupe Bolloré ont signé une clause de confidentialité, outil privilégié de l’omerta organisée par le milliardaire. Pire, celui-ci fait aussi la pluie et le beau temps dans le reste de la presse, via le chantage à la publicité, source de financement majeur pour nombre de médias.

Comme ces lignes vous le confirmeront à nouveau, l’Humanité ne baissera pas les yeux devant la poignée d ‘oligarques qui ont fait main basse sur 90 % de la presse hexagonale. Mais le combat pour l’indépendance et le pluralisme doit devenir la préoccupation du plus grand nombre. L’accès à une information libre, indépendante des puissances financières et du pouvoir, est l’une des conditions de la démocratie. Avec une concentration capitalistique à son paroxysme, ce droit n’est plus garanti.

Bien silencieux sur un sujet pourtant si décisif, après avoir maintes fois reporté l’échéance, Emmanuel Macron a finalement annoncé la tenue d’États généraux de l’information dont les travaux débuteront fin septembre, censés aboutir au printemps sur « des propositions fortes ». Dont acte. Et il fallait bien cela face aux défis immenses que les journaux doivent affronter, tant les innovations technologiques ont totalement bouleversé les modes de production, de diffusion, de réception de l’information. Mais les précédentes expériences de « conventions » sorties du chapeau présidentiel dont les conclusions finissent systématiquement à la poubelle laissent peu d’espoir. Ne laissons pas le sort de la presse aux seules mains de l’Élysée. La Fête de l’Humanité, journal qui n’appartient qu’à ses lecteurs, rappellera haut et fort que « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».