Petit conseil en ce jour de rentrée scolaire. Il faut
toujours se méfier lorsqu’un ministre de l’Éducation nationale parle de « retour aux fondamentaux ». Derrière
cette facilité de langage, destinée à faire vibrer la fibre nostalgique de nos
concitoyens, se dissimulent l’abandon de toute ambition pédagogique, la casse à
bas bruit d’un service public dénigré ou encore la volonté d’instrumentaliser
l’école à des fins tactico-médiatiques. De fait, Gabriel Attal, lui, coche les
trois cases. Porte-parole des volontés d’Emmanuel Macron, qui a décidé de faire
de l’éducation son domaine réservé, le locataire de la Rue de Grenelle
distille, avec le zèle qu’on lui connaît, ce discours mêlant conservatisme
fantasmé et tartufferies managériales. Un exercice d’hypocrisie qui vaudrait
mention.
Au cœur de cette stratégie, on retrouve le fameux « pacte
enseignant ». Un dispositif censé répondre aux revendications salariales – bien légitimes
–, tout en améliorant la réussite scolaire. Mais voilà, derrière le vernis des
services de communication, on découvre sans surprise un énième cheval de Troie
des lubies néolibérales. Sur les rémunérations, parmi les plus basses des pays de
l’OCDE ? Aucune
augmentation prévue, mais un
retour du très sarkozyste « travailler plus pour gagner plus », consistant à demander des tâches supplémentaires à des professeurs qui
travaillent déjà plus de 42 heures par semaine ! Ce mécanisme ouvre la porte à une annualisation des temps
de travail, une contractualisation des tâches, un accroissement des inégalités
hommes-femmes – ces dernières prenant statistiquement moins d’heures
supplémentaires –, une mise en concurrence du personnel sous la férule du chef
d’établissement chargé de choisir le bénéficiaire du pacte…
On le voit : la rentrée n’est pas encore faite mais l’agenda libéral du gouvernement est déjà rempli. Et le piège bien tendu à un
personnel qui, tenaillé par la précarité, va être contraint de jouer ce jeu de l’individualisation,
contre l’esprit des statuts de la fonction publique. Ce travail de démolition,
auréolé de cynisme et de mépris, fait partie des « fondamentaux » de la
Macronie.
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